LE MYSTÈRE HENRI PICK
Une plaisante comédie d'investigation
Jean-Miche Rouche est critique littéraire. Lors d’une émission télévisée qu’il anime, il se permet de remettre en cause la paternité d’une œuvre brillante, attribuée à un pizzaiolo breton jusqu’ici inconnu. La veuve de l’auteur quitte alors le plateau, tout comme la jeune éditrice qui a découvert par hasard le manuscrit dans une étrange bibliothèque des manuscrits refusés située à Crozon…
Contrairement à sa bande annonce, "Le mystère Henri Pick" débute autour de l’histoire d’un jeune couple, en week-end en Bretagne. Lui est un jeune auteur dont le premier livre est un échec, elle est une jeune éditrice. D’emblée, l’idée d’une « bibliothèque des livres refusés » donne un ton légèrement surréaliste mais plaisant au scénario. Car, que l’on se place du point de vue de celui qui écrit ou du lecteur curieux, le principe d’un lieu où certains manuscrits passés inaperçus puissent constituer un trésor, séduit forcément. Rêve d’éditeur en manque de diversité, espoir de lecteur curieux, ou désir secret d’un écrivain de se voir enfin reconnu, ce principe improbable parlera donc à tous, évoquant un doux rêve… ou une amusante supercherie.
Et une fois le doute immiscé dans l’esprit de chacun, c’est finalement avec délice, que chaque personnage, comme le spectateur, met les deux pieds dans l’enquête du personnage principal, autour de cette figure du restaurateur, intelligemment limitée pendant tout le film à un portrait impassible. Fabrice Lucchini se délecte à jouer les intellos légèrement hautain et flegmatique, dont le cynisme semble contagieux. Il forme avec Camille Cottin, en fille incrédule mais protectrice, un duo de détectives en herbe qui n’est pas sans rappeler l’esprit de certains films de Pascal Thomas. Finement dialogué, "Le mystère Henri Pick" accumule les indices saugrenus, et adopte au final la forme d’une originale comédie policière, capable de réjouir même les moins adeptes de la lecture.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur