NOS VIES FORMIDABLES
La drogue de la tendresse
Margot, la trentaine, est alcoolique. Elle arrive dans un centre de désintoxication un peu spécial au cœur de la campagne française, dans une ancienne maison de maître. Elle va y rencontrer un groupe de gueules cassées qui vont l’accueillir à bras ouverts. Dans la confidence des sessions de paroles, les langues se délient et les histoires se dévoilent…
"Nos vies formidables" est centré sur le parcours de Margot, sa vie dans une communauté thérapeutique pour narcotiques et addicts, ses relations avec les autres pensionnaires, sa lutte contre sa toxicomanie et son long chemin vers la guérison. Pour ce faire, la narration recourt à de nombreuses ellipses temporelles, comme si on feuilletait le journal de séjour de Margot, mais ce procédé n’entame en rien la bonne compréhension de l’histoire.
C’est avec un style proche du documentaire que Fabienne Godet nous transporte dans cette communauté thérapeutique vouée à la lutte contre les dépendances. Un lieu où les nouveaux arrivants doivent se plier aux règles afin de rentrer dans le groupe et y trouver une aide. Petit à petit ce groupe devient une drogue de substitution (pour chacun des membres) par la tendresse et l’amour qu’il dégage, leur permettant de retrouver une joie de vivre et un équilibre. Mais le scénario ne cherche pas à donner une réponse sur l’après communauté et la capacité à s’en sortir une fois privé de ce soutien.
Touchant et humain, le long-métrage parvient à nous prendre aux tripes par son aspect réaliste et sans fioriture. La force du scénario est de réussir à faire exister chacun des personnages au travers des morceaux de vie qu’ils racontent, laissant au spectateur le soin de s’imaginer le reste du parcours. Néanmoins, une certaine monotonie s’installe au fur et à mesure du long-métrage par la répétition de certaines scènes. Et on peut reprocher à la réalisatrice de ne pas assez s’attarder sur certains moments de la vie en communauté.
"Nos vies formidables" parvient cependant à être humain et touchant sans rechercher la larme facile sur un sujet compliqué et réussit à donner corps à sa galerie de personnages.
Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur"Nos vies formidables" est un film un peu particulier en raison de sa forme. En effet, chaque séquence du film est annoncée par un carton indiquant le numéro du jour. Ce chapitrage est assez déroutant car très vite le spectateur apprend que la cure doit durer 10 semaines. Allait-on devoir subir 70 chapitres ?... Fort heureusement non, les séquences quittent progressivement l’exhaustivité d’une journée pour se focaliser sur des petits moments au fil des semaines. La forme ici matérialise le fond, l’idée d’une habitude, d’un train-train qui s’installe, les événements marquants s’espacent.
Actrice principale et scénariste, Julie Moulier tient le film à bout de bras et habite le personnage de Margot. Sa performance est organique, elle use de son visage et de son corps pour faire passer la souffrance, le manque et le retour d’une certaine joie. Le film prend le parti de ne quasiment pas sortir du centre de désintoxication. Les scènes d’intérieur, parfois étouffantes, alternent avec des scènes d’extérieur dans les jardins qui entourent la propriété. Il n’y a pas de barrière au centre, chacun est libre de partir quand il le souhaite. Cette idée est intelligemment matérialisée par une fine chaîne entre les grands piliers du portail de la propriété.
Le titre du film, "Nos vies formidables", semblent dans un premier temps ironique, mais cette interprétation est une fausse route. Au fur et à mesure du film, du temps passé avec les personnages, une empathie naît. Par la parole, l’ostracisation disparaît, le groupe devient cohérent et uni. Plus fort ensemble pour se reconstruire soi. Le film, en le mettant en scène, pousse chacun à respecter et à écouter autrui, au-delà de tout jugement.
La caméra s’attache, dans des plans serrés, à être au plus près de cette communauté de démunis, sans tomber dans le misérabilisme ou leur donner raison. Ils doivent assumer leurs actes. Leur responsabilité est claire et elle ne leur est jamais enlevée. Rien ne leur est pardonné, mais Fabienne Godet s’immisce dans le parcours émotionnel de ces gens.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
Colombina
mercredi 11 décembre - 7h19
UN CHEF D’ŒUVRE, Merciiiiiii 🎁
Bflutz
dimanche 3 mars - 6h09
Je ne comprends ni le score (1/5), ni l'accroche de votre article ('un film lourd à supporter', alors que votre critique donne plutôt le sentiment que c'est bien. Vous êtes sûr que c'est de Ciné que vous abusez ?