Festival Que du feu 2024 encart

FLATLAND

Un film de Jenna Bass

Trois personnages féminins en manque d'ampleur

Natalie, jeune femme noire, vient tout juste d’épouser Bakkies. Durant leur nuit de noce, la brutalité de ce dernier lors d’un acte sexuel pas vraiment consenti, fait qu’elle s’enfuit, embarquant un revolver avec lequel elle tuera quelques instants plus tard le révérend du secteur. Elle s’enfuie alors à cheval en compagnie de sa « soeur » blanche Poppie…

Flatland film image

Il y a dans ce film Sud Africain, présenté en ouverture de la section Panorama du Festival de Berlin 2019, une tentative de décalage qui ne fonctionne réellement jamais. Décalage narratif avec une compréhension a posteriori de la nature exacte de certains personnages, de cette mère décédée à laquelle l'héroïne parle ponctuelement, à ce prisonnier auquel une autre femme rend visite alors qu'il aurait dû déjà être sorti. Décalage des codes du film policier, avec cette femme flic vêtue en permanence d'un survêtement et enquêtant sur le meurtre qui ouvre cette histoire. Enfin, décalage entre la tension supposée de certaines scènes et l'utilisation récurrente de ralentis.

Malheureusement, c'est avant tout du côté mise en scène que les choses ne fonctionnent pas. Les ralentis, nombreux et peu à propos, semblent symboliser le répit ou la liberté (une fuite à cheval, un moment de danse...). Tandis que les plans serrés ou très gros plans viennent accentuer les moments où l'héroïne et sa "sœur" se retrouvent oppressées. Tous ces dispositifs nous tiennent au final à distance de personnages que l'on aurait pourtant voulu aimer.

Si on admettra un vrai travail sur les tensions raciales omniprésentes (depuis les paroles blessantes d'une femme dans des toilettes, alors que les deux fuyardes se teignent en blondes, jusqu'aux comportements des routiers autour du feu...) et la situation des noirs par rapport aux blancs, c'est la vision simpliste du féminisme de cette cavale qui agace. Loin d'un salvateur "Thelma et Louise", ce road-movie partiel aligne, pour faire passer ses messages, des répliques à l'humour douteux ("quand une femme dit non c'est non, je l'ai vu à la télé") ou faisant office de jugement à l'emporte pièces ("tu ne peux pas être un homme dans ce pays, même les hommes se font baiser"). Une ouverture très décevante donc, aucun des personnages de ce trio féminin, ne prenant finalement de réelle ampleur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire