Festival Que du feu 2024 encart

GULLY BOY

Un film de Zoya Akhtar

Rythmé et rudement séduisant

Murad est issu d’une famille pauvre des bidons villes de Bombay. En secret il entretient une liaison depuis des années avec Safeena, une fille d’une famille plus aisée. Après avoir assisté, à la fac, à la prestation d’un rappeur dénommé Sher, il va faire en sorte de lui montrer ses écrits. Avant de devoir lui même rapper, contre l’avis de son père…

Gully Boy film image

Nouveau film de Bollywood, "Gully Boy" (traduire "garçon des rues") est un film musical sans être une comédie musicale chorégraphiée comme l'Inde en produit encore à la pelle. Résolument moderne dans ses cadrages, son utilisation de la caméra portée, son montage dans les moments où la musique ou la chanson s'impose, ce long métrage, présenté en séance de Gala au Festival de Berlin 2019, oscille gentiment entre comédie romantique et film d'affirmation de soi par la musique.

Si on peut bien entendu voir ici les influences de classiques tels "Roméo et Juliette" (l'union impossible, les familles aux caractéristiques incompatibles, le balcon ici remplacé par une fenêtre), ou de films américains contemporains ("8 mile" avec Eminem, son génie pour l'écriture et ses battles de rap), le plus intéressant réside cependant dans la vision d'une jeunesse indienne tiraillée entre tradition et modernité, entre religion et abandon de principes archaïques, entre destin tout tracé et possibilité d’accomplissement et de succès personnel.

Dans l'ombre de ce personnage au charisme imposant (Ranveer Singh est à l'aise dans tous les types de scènes) se dessinent les mariages arrangés, la toute puissance du père, le mépris pour les femmes, l'inconscience des touristes, l'abandon des enfants, les boulots qu'on ne trouve que par connaissances, le mépris de classe et surtout les impressionnantes différences de richesse au sein du pays. Sur une trame finalement assez classique, Zoya Akhtar parvient à dépayser et à dépeindre la situation d'un pays où des générations ont vécues sous l'idée mensongère du destin, même si les protagonistes sont tous deux issus de familles musulmanes parlant Hindi, auxquels ils ont caché leur liaison. Ajoutez à cela la beauté de plans parfois intelligemment signifiants (le reflets des multiples lumières sur la voiture qu'est contraint de conduire Murad pour le compte d'une riche famille...) et celle d'interprètes déployant charme et sens du rythme dans les répliques, et vous trouverez sans doute ici un vrai plaisir de cinéma.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire