MY BEAUTIFUL BOY
Un drame qui vaut avant tout pour la performance des acteurs
David Sheff est un journaliste réputé qui partage avec son fils l’amour des mots. Mais alors que ce dernier était promis à de belles études, le jeune garçon va tomber dans le terrible engrenage de la drogue. David va alors tout faire pour aider sa progéniture à s’en sortir…
Depuis quelques années maintenant, Felix Van Groeningen ("Belgica", "Alabama Monroe") s’est imposé comme un fin observateur des cellules familiales en crise. Plus que les raisons des tourments, ce sont les conséquences qui intéressent le cinéaste, la manière dont un malheur peut profondément bouleverser les relations entre des individus. Lorsque des producteurs américains lui ont proposé de transposer sur grand écran les ouvrages de David et Nic Sheff, le réalisateur n’a pas hésité longtemps, tant ces bouquins regorgent des thématiques qu’il affectionne particulièrement. Soit l’histoire d’un homme luttant comme il le peut pour soigner son fils de sa dépendance à la drogue.
Journaliste renommé, David a toujours eu une relation particulière avec son fils aîné. Partageant un amour des mots et une relation fusionnelle depuis son divorce, le père et sa progéniture sont inséparables. Ce qui détruira d’autant plus le patriarche lorsqu’il découvrira que Nic souffre d’une addiction à l’héroïne, le garçon ayant commencé à consommer des substances illicites dès l’âge de douze ans. Comme souvent dans le cinéma de Van Groeningen, la narration sera mélomane et non linéaire, le métrage baladant le spectateur entre différentes temporalités pour mieux reconstruire cette descente aux enfers. Et si le film s’avère poignant à plusieurs moments, cela est notamment dû à la grande prestation du duo de comédiens, Timothée Chalamet confirmant son talent précoce, et Steve Carell livrant une nouvelle performance bouleversante.
Malheureusement, en ne sachant pas sur quel personnage se focaliser (l’adaptation s’appuie sur les deux autobiographies), "My Beautiful Boy" perd grandement de sa puissance lacrymale. Trop convenu et tristement sage, le métrage s’enferme dans un écrin de pathos où les scènes redondantes ne parviennent jamais à embraser le propos. Si le sujet est évidement fort, le metteur en scène flamand se confond à vouloir privilégier un esthétisme léché au détriment de la rage qu’aurait mérité un tel récit. Propre et efficace, ce drame prend plus les contours d’une œuvre standardisée dans le but de séduire l’Académie des Oscars (d’ailleurs, plusieurs voix se sont élevées contre l’absence de nominations du film) que d’une véritable proposition de cinéma, comme avait pourtant su le faire son auteur sur ses précédentes réalisations. Cette première tentative américaine laisse ainsi un fort arrière-goût de déception.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur