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film-court-villeurbanne 2007 - Programme francophone 2
VILLEURBANNE 2007
FESTIVAL DU FILM COURT
Sélection française et francophone – programme 2
Premier voyage
Il y a quelque chose de tellement authentique dans ce film d’animation qu’on ne peut que s’en émouvoir, d’autant que certaines trouvailles visuelles rendent encore plus palpitant ce véritable concentré de quotidien en pâte à modeler ! La voix de Jean-Paul Rouve comme narrateur principal se marie parfaitement avec l’atmosphère du film, à la fois drôle et tendre. Un court métrage prometteur de la part d’un ex-étudiant de la Fémis (dont on sait parfois l’héritage malheureusement formaté de nombreux réalisateurs), qu’adultes comme enfants pourront apprécier. Et pour certains comme moi, peut-être l’envie encore plus grande de devenir papa !
Le Sommeil du funambule
Et si le vide qui s’étend sous le funambule était finalement le fond du film ? Ce court « social » ne plane en effet pas très haut (est-ce pour cela qu’il s’agit en fait d’une fildefériste et non une funambule ?), comme s’il peinait à se trouver une fin au bout du fil. Quoique charmantes, les deux actrices montrent surtout leur manque d’expérience du jeu et on a du mal à entrer dans leur souffrance qui sonne faux – comme leur relation lesbienne qu’on voit arriver à des kilomètres à la ronde. Non, franchement, les frères Dardenne n’ont pas de soucis à se faire car cette concurrence est très faible malgré l’effort entrepris.
Résistance aux tremblements
Plus que l’histoire, c’est l’atmosphère qui importe ici. Pesante. Déstabilisante. Elle semble infiltrer le moindre recoin de l’image et du son, voire déborder de l’écran. C’est comme un éclaboussement de désespoir et de mal-être, qu’on ressent imperceptiblement – voire a posteriori. L’interprétation d’Esther Corintin y est aussi pour beaucoup. Comme dans « Depuis qu’Otar est parti » ou dans « Carnages », elle donne à son personnage une intensité incomparable. Bernard Blancan est plus discret mais forme avec elle un duo énigmatique, qui renforce le malaise et l’émotion. La chute n’en est que plus brutale. Avec des questions qui restent…
Morganez
Que penser de cet opus déprimant ? L’histoire d’une jeune handicapée suicidaire, sans mère, au père marin, au petit frère attendrissant. Une famille dont on ne connaît pas l’histoire, et qu’il est donc laborieux de comprendre. Du coup, malgré la tragédie, il n’est pas aisé de compatir. Difficile aussi de savoir où le film nous emmène. Difficile enfin de comprendre les répliques grommelées de Philippe Nahon. Comme si ça façon de jouer trahissait le creux d’un scénario sans fond.
Abattoir
On sent ici l’influence de Cronenberg… mais pas son talent malheureusement ! Les faiblesses du film sont trop nombreuses pour qu’on accroche vraiment – même si les âmes sensibles peuvent frémir ou sursauter à la vue de quelques plans (moi le premier). Le ton n’étant pas stable, on n’hésite à prendre le film au premier ou au second degré ! A moins que l’objectif ne soit d’inventer une sorte de « premier degré et demi » ? Trêve d’ironie, de trop nombreuses séquences sont risibles pour que le projet du réalisateur réussisse, que celui-ci soit de déranger ou de faire rire.