ARTICLES
VENISE 2006 - La chine vue de l'intérieur
Deux films de la compétition nous ont offert un voyage au coeur de la Chine moderne. Certains diront que pour mieux obtenir l'autorisation de tourner sur place, les scénarios de ceux-ci mettent en sourdine leurs véhélités critiques d'un système où l'Etat écrase l'individu.
"Still Life", Lion d'Or 2006, nous conte les errances d'un homme à la recherche de sa fille, et qui découvre, à peine arrivé dans la province de Fengjie, que la maison de celle-ci est aujourd'hui noyée sous les eaux du gigantesque barrage des Trois-Gorges. Montrant les conséquences de la montée de eaux de ce qui constitue le plus grand ouvrage hydroélectrique du monde, avec destructions programmées d'immeubles comme de maisons ancestrales, réticences à se présenter au bureau de reclassement des familles et difficultés à retrouver des proches, le film de Jia Zhang Ke touche au coeur et s'avère bien plus sévère qu'en apparence. D'autant plus qu'il montre également comment certains Chinois, immigrés dans leur propre pays, sont utilisés et exploités.
Autre approche, toute aussi consciente des évolutions et problèmes du pays, celle du film "L'étoile manquante" de Gianni Amelio, qui suit le périple d'un technicien persuadé de devoir apporter sa science à des industriels chinois ayant racheté une énorme machine-outil italienne défaillante. Perdu dans l'immensité des usines de l'intérieur des terres, le personnage interprété par Sergio Castellito se bat en réalité plus pour garder un lien inconscient avec sa propre entreprise aujourd'hui démantelée. Moins politique, le film n'en donne pas moins un aperçu d'une Chine en pleine mutation, dont le gigantisme industriel laisse peu de place à une humanité spontanée. Amelio montre d'ailleurs très bien comment la grisaille envahit le quotidien, en laissant sa caméra s'attarder sur quelques petites filles aux gestes simples formant des touches de couleur contrastant avec la grisaille ambiante.
