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DEAUVILLE 2006 - Savoir accepter l'échec

Annoncé comme une histoire d'amour étalée sur plusieurs siècles, "The Fountain" de Darren Aronofsky réalisateur du cultissime "Requiem for a dream" a fortement déçu. Racontant la lutte d'un chercheur pour trouver un remède au cancer de sa femme, le film mêle partie romancée se déroulant au 16ème siècle et voyage intérieur de l'homme pour accepter la mort de celle qu'il aime. Bourré de belles idées concernant une union éternelle (il se tatoue la trace de son alliance égarée), visuellement sublime, le film souffre d'une construction agaçante et de numéros d'acteurs trop appuyés dans la détresse. Une oeuvre qui manque cruellement de cohérence.

Grand Prix 2006, l'euphorisant "Little Miss Sunshine" traite également du thème de l'échec et de la confrontation des rêves avec une réalité parfois peu favorable à certains projets. Le voyage vers une ville lointaine, lieu d'un concours de beauté pour gamines en mal de gloire, sera l'occasion pour chacun de faire face à la réalité et à ses désillusions. Servi par un casting hors pair, dont Greg Keanner (le père, raté mais prônant la combativité), Steve Carrel (l'oncle, gay et spécialiste de Proust supplanté par un confrère), le film est une comédie pétillante et pleine d'espoir.D'espoir, bien maigre cette fois, il s'agit également dans "The last show" dernier opus de Robert Altman, dans lequel la mort rode dans les coulisses d'un théâtre, représentée par un ange blond frisé. La fin d'une époque y est décrite avec la dernière d'une émission de radio culte et jugée désuète. Nostalgique dernière séance, le film pose la question de l'acceptation de la fin, celle qu'on peut choisir d'ignorer vainement, ou de célébrer. Ses personnages pour la plupart choisiront d'assurer la continuité, malgré le drame sous-jacent, sans excès. Avec sa succession de numéros, "The last show" frise le documentaire, mais s'avère aussi fluide qu'ennuyeux, tant son ambiance est feutrée. Dommage.Après les artistes, dans "The architect", un autre créateur, architecte de métier a réalisé un quartier pour gens défavorisés, et doit faire face à une femme qui a monté comité, et remis le projet en question, car il ne répond pas aux attentes des habitants. Ce dernier va donc devoir accepter son échec créatif, ce qui va lui permettre, en se confrontant à la réalité, de ré-envisager sa vie professionnelle comme privée. Le film, très long (surtout dans la mise en place des personnages) développe surtout la nécessité de la construction de soi dans le rapport à l'autre.

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Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur