INTERVIEW
POUR ELLE
Fred Cavayé
A l’occasion de la sortie de « Pour elle », le premier film du réalisateur Fred Cavayé, l’équipe du film s’est retrouvée pour revivre ensemble les souvenirs du tournage. Témoignage.
Journaliste : Quelle était votre motivation pour passer du court-métrage au long ?
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A l’occasion de la sortie de « Pour elle », le premier film du réalisateur Fred Cavayé, l’équipe du film s’est retrouvée pour revivre ensemble les souvenirs du tournage. Témoignage.
Journaliste : Quelle était votre motivation pour passer du court-métrage au long ?
Fred Cavayé :
J’ai fait des courts-métrages et j’avais envie de faire un long. Mais je voulais trouver la bonne histoire. Ce qui m’a donné envie de sauter le pas, c’est le jour où Guillaume m’a montré son idée de scénario.
Guillaume Lemans :
Je lui ai dit que j’avais une idée de scénario mais que c’était surtout pas pour lui ! Alors que forcément en fait je savais très bien que c’était une histoire faite pour lui!
Journaliste :
Avez-vous préparé longtemps en avant le tournage ?
Fred Cavayé :
Ma direction d’acteur commence bien avant le tournage. On a ainsi plus l’occasion de se parler et avec Vincent [Lindon] y’a pas d’ego. Vincent est quelqu’un qui s’implique énormément, il est là tout le temps ! Y’en a qui sont dans leur caravane quand Vincent est dehors avec le chef op ou moi !
Journaliste :
Vous avez beaucoup fait évoluer le scénario initial ?
Fred Cavayé :
Oui… Par exemple, sur la version scénarisée, il y avait beaucoup de dialogues et notamment dans une scène à l’hôpital. Puis avant le tournage, aux essais, on a commencé à en enlever, puis sur le tournage on en a encore enlevé, pour au montage les supprimer tous ! Dans cette scène, les non-dits fonctionnent très bien, et on ne voulait pas tomber dans le pathos. Cette histoire était bien écrite et déjà à la base c’était un rapport entre une histoire d’amour et un film d’action. Puis on a mis de la chair dessus. Notamment le personnage de Diane Kruger où on a vraiment recherché l’émotion, le personnage du père aussi a pris de l’épaisseur. Des choses ont changé en cours de route. Par exemple, quand Vincent est armé, il s’agissait à la base d’un fusil à crosse sciée, et Vincent m’a tout de suite conseillé de le remplacer par un pistolet. Quand on a vu chez l’armurier le fusil très long, on s’est dit « ok, on prend le flingue ! ». Il y a aussi ce personnage du frère de Vincent qui au départ était son meilleur ami. Quand on l'a fait, on me dit « C’est fou ce qu’il ressemble à Vincent ! » et effectivement donc il est devenu son frère. C’est du travail d’équipe !
Journaliste :
Le rôle d’Olivier Marchal, c’est un clin d’œil à son passé de flic ?
Fred Cavayé :
Sa présence s’explique par le fait que je le connais bien. C’est toujours gênant de proposer un rôle d’une demi-journée à un mec comme lui. En plus, je lui propose de jouer dans un polar ! Il n’a pas participé à l’écriture du film, ni comme conseiller d’ailleurs. Il m’a juste dit « Fais pas le con avec l’histoire sur les flics ! ». Ce qui est amusant, c’est que depuis que le film est montré en public, à toutes les projos il y a quelqu’un qui me parle de Marchal. Alors je l’ai appelé pour le lui signaler et lui dire aussi : « Le scénario doit être bon, tout le monde me demande si c’est toi qui l’a écrit ! »
Journaliste :
Vincent Lindon, vous nous refaites le coup d’une année mixte entre comédie et drame, c’est recherché ?
Vincent Lindon :
Ce n’est pas un choix délibéré d’alterner les comédies et les films plus graves. Je fais les films qui me plaisent. Si je reçois quatre scénarios de comédies qui me séduisent, je les ferai ! Là c’est assez nouveau, c’est un thriller, je pense que je vais avoir pas mal de propositions dans ce sens maintenant !
Fred Cavayé :
Je trouve, personnellement, étonnant qu’il ne joue pas plus souvent des rôles physiques.
Journaliste :
Vincent, on connaît votre sens de l’engagement pour les films, comment cela s’est passé pour celui-ci ?
Vincent Lindon :
Je ne me suis pas impliqué différemment sur ce film par rapport aux autres films que j’ai pu faire. Je n’ai d’admiration que pour les gens qui s’impliquent à fond dans ce qu’ils font. Je suis ravi d’avoir fait ce film et c’est tout ce qui compte ! Ce qui me plaît dans le cinéma, c’est que je peux faire tout ce que je ne peux pas faire dans la vie !
Journaliste :
Qu’est ce qui vous a décidé à le faire ?
Vincent Lindon :
C’est l’histoire qui m’a plu. C’est cette histoire d’amour qui m’a donné envie de faire le film.
Journaliste :
Votre personnage est-il fou ou courageux ?
Vincent Lindon :
Pour être fou comme ça, c’est courageux.
Journaliste :
Où en est votre projet de film en tant que réalisateur ?
Vincent Lindon :
Il en est au point mort, car je n’en ai pas assez envie en ce moment. Ma place est aussi d’être acteur. Pour ce film, j’ai un profond bien-être. D’une part, parce que c’est un bon film. D’autre part, parce que je suis fier d’avoir eu du pif ! Et enfin c’est la joie d’avoir contribué à la reconnaissance et au démarrage d’un jeune réalisateur.
Fred Cavayé :
C’est vrai que c’était une prise de risque pour Vincent. Il ne me connaissait pas. Moi-même j’ai eu des doutes, plutôt des peurs. Ma réaction a été d’écouter autour de moi, mon chef op, Vincent, et cela, ça fait monter le film d’un cran. Maintenant, pour mon prochain film, je n’oublierai pas ces peurs. Le piège serait d’être trop confiant. Avec Vincent, nous avons eu une belle complicité de travail. Je me souviens d’une scène que nous tournions avec l’enfant. Il avait des horaires inflexibles. Et sur une prise, je n’avais pas eu ce que je voulais, j’enrageais car l’enfant devait partir, et il est parti ! J’ai vu Vincent qui me dit « Tourne sans lui, mais avec une poupée ! » J’y croyais pas du tout, pourtant quand je me suis retourné sur mon combo, j’ai vu l’enfant de dos à l’écran ! C’était Vincent et Diane qui avaient fabriqué un enfant avec un cintre et des blousons !