INTERVIEW
SPARROW
Johnnie To
Journaliste:
Vous poursuivez avec ce film votre travail sur les limites du polar…
Johnnie To:
Quand je fais des films, je veux faire ce que j’aime faire. Mon habitude est d’écrire, puis tourner directement. D’un film à l’autre, je cherche à ne pas me répéter. L’inspiration …
Journaliste:
Vous poursuivez avec ce film votre travail sur les limites du polar...
Johnnie To:
Quand je fais des films, je veux faire ce que j'aime faire. Mon habitude est d'écrire, puis tourner directement. D'un film à l'autre, je cherche à ne pas me répéter. L'inspiration me vient du quotidien, d'un livre, d'un film, d'une discussion avec des amis...
Journaliste:
Justement, vos personnages de pick-pockets semblent très réels... même dans leurs « chorégraphies ».
Johnnie To:
Nous avons eu des consultants pick-pockets sur le tournage. Ils nous ont montré les vraies techniques, et je me suis inspiré au passage des « Parapluies de Cherbourg » pour leurs chorégraphies. Mais au fond, je voulais capturer une vision nostalgique de Hong Kong. C'est là où j'ai grandi...
Journaliste:
Avec une activité de trois à quatre films par an, vous avez le temps pour autre chose?
Johnnie To:
Ma passion de ces dix dernières années a été le cinéma. Elle s'est même intensifiée. Je veux en faire maximum, tant que je suis en forme et vivace (rires). On peut faire un parallèle entre ma carrière et l'évolution de ma société Milky Way (avec Waï Ka Faï). Nous avons tenté de produire avec créativité des films commerciaux et expérimentaux. Les films commerciaux permettant de financer les projets plus originaux. En France, mes films « commerciaux » n'ont jamais été distribués.
Journaliste:
Quels sont les points communs entre vos films commerciaux et expérimentaux?
Johnnie To:
Il n'y en a pas vraiment. J'aime savoir dans quel catégorie se classe le film que je suis en train de faire, s'il est personnel ou non. J'ai fait des comédies romantiques comme « Needing you » ou « Loving you » qui ont été d'énormes succès au box office. Alors que des films comme « PTU » ou « Mission » ont été plus confidentiels, ne réalisant que 10 % du score des premiers. Les films personnels ont été des succès à l'étranger, dans les festivals. On est loin de la culture de Hong Kong, et des films avec beaucoup de dialogues.
Journaliste:
« Sparrow » est-il un film politique dans sa manière de montrer la ville comme elle risque de ne plus être dans quelques années?
Johnnie To:
Ce film n'est pas politique. Il reflète cependant ma déception envers le gouvernement de Hong Kong, qui est très incompétent en ce qui concerne la préservation de la culture et de la mémoire collective. En exemple, je citerai le Port Victoria, qui est de plus en plus petit, car on le comble peu à peu en déversant de la terre dans l'eau. Quelque part, je veux préserver mes souvenirs de Hong Kong.
Journaliste:
Est-ce que le cinéma français vous a donné de devenir cinéaste?
Johnnie To:
J'ai beaucoup regardé de films européens quand j'étais enfants, dans les années 60-70. J'étais fan d'Alain Delon. Mais mon préféré c'était Akira Kurosawa. Quant à mon influence à moi sur les nouvelles générations? Je ne peux pas dire... car je ne suis pas encore mort... (rires). Ceux qui travaillent dans ma société ont peut être adopté une partie de mon style.
Journaliste:
Est-ce qu'il vous arrive de vous identifier à vos personnages?
Johnnie To:
Si vous regardez bien mes films personnels, il y a toujours le « fat guy », qui est un peu ma réincarnation (rires). La vie peut être joyeuse ou joueuse. Dans ses films, on met sa philosophie personnelle... C'est le genre d'individu que je suis.