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INTERVIEW

VIE COMME ELLE VA (LA )

Jean Henri Meunier

Ce qui a poussé Jean Henri Meunier à faire ce film, c’est sa rencontre avec son voisin, Monsieur Sauzeau, lorsqu’il s’est installé dans le village de Najac, pour se mettre au vert, en 1995. Au début, il a commencé un peu par hasard, à tourner avec la caméra Hi8 d’un ami. Pendant trois ans, il…

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Ce qui a poussé Jean Henri Meunier à faire ce film, c'est sa rencontre avec son voisin, Monsieur Sauzeau, lorsqu'il s'est installé dans le village de Najac, pour se mettre au vert, en 1995. Au début, il a commencé un peu par hasard, à tourner avec la caméra Hi8 d'un ami. Pendant trois ans, il a filmé tel un flâneur avec une mini DV, découvrant un casting qu'il qualifie de génial, loin de chez Art Média. Le tout n'est devenu un dans sa tête qu'au bout de cette période où il avait réussi à se faire accepter car il constituait à lui seul son équipe.

Il a alors appelé une amie monteuse qui lui a permis de faire une maquette à partir des 156h de rushs, en mai 2000. Ils ont alors fait venir des producteurs, donc Jacques Perrin qui a fini par accepter de financer le film. Après 2 ans de tournage supplémentaires et près de 375 heures de rushs, un montage de près de neuf mois a permis une réduction à 100h. Puis un nouveau mois de montage a donné un ensemble de 80h utilisables. Après encore 7 mois il a été envisagé de faire un long format documentaire pour ARTE, qui est devenu le film.

Sur les personnages, il avoue en avoir sacrifié un au montage, sur les treize principaux. Ici les petits paysans ont des responsabilités, ils produisent pour des gens qu'ils connaissent, loin des agriculteurs, dirigeants de grandes exploitations, qui vendent en gros, et loin. Ces deux personnages lui paraissent extraordinaires, car engagés (La bosnie). Il en est de même pour le retraité philosophe, qui passe un message de sensibilisation à la pollution, en nous emmenant visiter une décharge à ciel ouvert. Ici les gens sont maîtres de leur temps. Ils vivent quand même leurs utopies, mais n'ont rien à vendre. Ce sont des gens qui vivent « à la cool », mais qui restent ouverts sur le monde.

En filmant ces gens, Jean Henri Meunier, pensait à du Setinbeck, dans ses œuvres les plus positives, à l'humanité magnifique. Il se référait également à Bagdad Café avec les personnages duquel les siens s'entendraient. Avec son chef de gare, il de retrouvait dans du Tati. Il reste du coup persuadé que l'on peut faire, dans ce métier, et avec l'usage de la DV, des films proches des gens. Certains journalistes regretteront que peu de femmes s'expriment dans son film. Il rétorque qu'il s'agit du fruit du hasard car ses personnages principaux sont veuf, sans petite amie, et qu'il n'a pas voulu rentrer dans la vie privée de certains, tel le maire. Certaines étaient quant à elles trop mal à l'aise devant la caméra, et il a respecté ce choix.

Le réalisateur insiste sur les difficultés actuelles pour tourner des documentaires en France. Seuls ARTE et la Cinquièmes ont une vraie politique de production, accompagnée par Canal + voire France 3 (Strip-tease). Il estime qu'il n'est pas contradictoire que le film ait aussi accès aux salles des multiplexes, comme ce sera le cas sur Lyon chez UGC Ciné Cité. La carte illimité permet notamment d'ouvrir les spectateurs à d'autres choses. Ils se glisseront plus facilement dans une salle où ils ne seraient pas allés. Cela permet de former des regards.

Pour son film, il a choisi le plan fixe. Il le justifie par son amour des gens qui doivent, comme les choses, animer le cadre. Il avoue également ne pas savoir filmer en mouvement. Cette aventure aura donc duré près de six ans et a donc débouché sur une œuvre pleine de surprises et de cadeaux que le temps a su lui faire durant ses périples à Najac.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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