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INTERVIEW

SILENCE (LE)

Orso Miret

Orso Miret et sa productrice nous recevoir dans un coin aménagé de la brasserie de l’hôtel Hilton. Il nous explique qu’il a ancré son film dans le monde des chasseurs, car il chasse lui même, et qu’il trouve que c’est un monde passionnant à vivre et à essayer de comprendre. Il souhait…

© Anne Laure POTHIN

Orso Miret et sa productrice nous recevoir dans un coin aménagé de la brasserie de l’hôtel Hilton. Il nous explique qu’il a ancré son film dans le monde des chasseurs, car il chasse lui même, et qu’il trouve que c’est un monde passionnant à vivre et à essayer de comprendre. Il souhaiter montrer la chasse de manière ordinaire, car au fond, c’est surtout une occasion pour les hommes de faire des choses ensemble. C’est aussi pour le personnage de Mathieu Demy, de faire l’expérience de sa propre violence, ce qui peut être intéressant pour d’autres situations dans la vie. De ce fait, il y a peu de femmes dans le film, car elles s’impliquent rarement dans des moments de chasse.

Son film est avant tout une œuvre sur l’identité. Le fait d’avoir lui aussi deux cultures, corse et continentale, le place dans une situation de dualité, comme son héros. Il n’aurait certainement pas fait le même film s’il était un corse vivant en Corse. De même qu’il n’aurait pas pu écrire, se projeter dans un personnage vivant lui même en Corse. Et s’il aurait pu également ne parler de la loi du silence, il souffrait du manque de représentation de ce sujet, de cette vie là, au cinéma, et a donc choisi de le traiter.

Le meurtre reste assez elliptique dans sa représentation, car on ne voit pas le cadavre. Pour lui, dans la réalité les choses doivent se passer également très vite, car les assassins ne s’attardent pas sur le lieu du crime. Il ajoute qu’il n’y a que dans les films américains que les scénaristes font « durer le plaisir », en laissant les tueurs s’attarder. Lui, souhaitait en tous cas ne pas montrer la mort, car « on en voit trop », il y a une sorte de banalisation par l’image. Il a préférer déplacer le sujet sur la mort du sanglier, qui concentre toute la violence du film.

Il a souhaité instaurer une ambiance d’insécurité, ou plutôt d’ « intranquilité », sans pour autant y mettre trop de tension. Du coup, le rapport du personnage de Natacha à la Corse, est beaucoup plus sensuel. Elle admire les paysages, se baigne nue dans des plans d’eau. C’est un peu un contrepoint au personnage de Mathieu. Lui, se sent déjà coupable d’avoir flirté avec la caissière, et le meurtre vient, comme une surprise, renforcer sa culpabilité. Il est en quelque sorte puni pour avoir quitté sa ville.

Le village dans lequel a été tourné le film, est celui de la mère d’Orso Miret. Il y a retrouvé beaucoup de sensations personnelles, dont il a fallu travailler la forme. Cependant le film n’a rien d’autobiographique. Il n’a jamais été confronté au meurtre, ni à la décision que doit prendre Mathieu. Il connaissait l’église St Michel, qui a servi dans le film, mais n’y était pas rentré depuis très longtemps. Etrangement, celle-ci n’a pas de Christ en croix, mais une statue de Saint Michel terrassant le dragon, très colorée. C’est à nouveau une image intrigante, ayant trait à la chasse. Le sanglier, qui revient plusieurs fois dans le film n’a pas tellement d’importance. C’est une sorte d’image du mal, que l’on pourchasse. Les personnages ne font finalement que s’opposer à la sauvagerie, par la chasse.

Pour le casting, il a choisi trois continentaux. Le choix fut long, le casting ayant eu lieu sur Paris et sur les lieux du tournage, en Corse. Il n’y a pas vraiment de chasseur dans le groupe de chasseurs du films. Il admet qu’ils ont simplement fait des essais ensemble, qui étaient convaincant. Le personnage de Mathieu Demy lui paraît réussi, dans le sens où l’acteur lui a donné un aspect formidable et ridicule à la fois.

Enfin, lorsque l’on l’interroge sur les scènes oniriques du film, le réalisateur indique avoir choisi le noir et blanc pour contraster avec le reste du film. Son intention était d’enlever ponctuellement de la tension, en marquant quelques poses, aux moments où Olivier (Mathieu Demy) se pose des questions. Il s’agit de moments d’intériorisation, quand il fait face à sa propre lâcheté. Il ajoute que les rêves ont aussi une importance particulière dans la culture Corse, en lien avec la culpabilité et l’en lien avec la culpabilité et les énigmes de la vie.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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