Festival de Cannes 2014 : Loin de mon père, film tiède sur un sujet chaud, l'inceste

Un certain regard
LOIN DE MON PERE
de Keren Yedaya
avec Maayan Turjeman, Tzahi Grad, Yaël Abecassis...

Keren Yedaya, réalisatrice de "Mon trésor" et de "Jaffa" signe avec "Loin de mon père" son troisième long métrage. Traitant de l'inceste de manière assez frontale, s'attachant à compter le quotidien de Tami, une jeune femme d'une vingtaine d'année qui partage la vie d'un père autoritaire et intrusif, dont elle doit satisfaire quotidiennement les pulsions. Sans détours, elle décrit la dépendance, la souffrance, les scarifications, la jalousie lorsqu'une autre femme entre dans le jeune, la jeune femme semblant ne pouvoir échapper à un avenir tout tracé.

Malheureusement le ton volontairement abrupt et le fait d'avoir opté pour tout montrer plutôt que de suggérer ne sert pas forcément cette sombre histoire. Malgré la qualité de l'interprétation (Maayan Turjeman joue à merveille la vulnérabilité et la naïveté, quant à Tzahi Grad qu'on verra prochainement dans "Big bad wolves", il est à la fois massif et inquiétant), empathie et émotion ont du coup bien du mal à s'installer. Loin d'une mise en scène dérangeante comme celle de "Despuès de Lucia", sur un sujet parallèle, "Loin de mon père" aligne stérilement les scènes de sexe et de soumission, mais en montre trop pour convaincre. Et ce n'est pas la bonne idée de la fin du film, sous forme de cauchemar de la jeune femme, qui sauvera le film.