Festival de Cannes 2014 : Timothy Spall imposant dans le réaliste Mr Turner de Mike Leigh

Compétition
MR. TURNER
de Mike Leigh
avec Timothy Spall, Roger Ashton-Griffiths, Jamie Thomas King...

Mike Leigh nous propose un biopic élégant sur les dernières années du peintre britannique J.M.W Turner (1775-1851). Interprété par Timothy Spall (magistral et imposant), l'artiste, provocateur à ses heures lorsqu'il s'agit d'exposer ses œuvres à la Royale Academy (il s'amuse à poser une touche de couleur rouge au beau milieu d'un de ses chefs d’œuvres, ou à peindre sauvagement en crachant sur sa toile...) est présenté non comme un homme flamboyant, mais comme un rustre, grommelant plus qu'il ne communique, dont les pulsions sexuelles s'exercent sur la frêle servante lorsqu'il en ressent le besoin. Sans aucune complaisance, Mike Leigh esquisse un portrait d'un homme rude et proche de son argent, que seule la rencontre avec Mrs Booth, propriétaire d’une pension de famille en bord de mer, va réussir à faire évoluer.

Choisissant une approche réaliste, le réalisateur anglais dépeint un milieu de XIXe siècle où la maladie et la vieillesse sont de véritables fardeaux. Ici les personnages ont des douleurs de dos, se déplacent avec difficultés, voient surgir des plaques d'urticaires impressionnantes, et au final, seuls les paysages que peint Turner sont beaux. En cela Mike Leigh réussit à rendre à la fois la beauté des paysages découverts par Turner lors de ses voyages (certains plans sont sublimes, dont le tout premier avec le moulin en fond...), et la laideurs des rapports humains dans lesquels baignent l'homme (les quelques scènes avec son ex-femme courroucée valent leur pesant d'or, de même pour les rapports avec le peintre maudit Benjamin Haydon). Un portrait réussi et sans concession, aussi âpre que l'artiste qu'il dépeint.