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Festival de Cannes 2012 : Compétition – Fantasme et punition dans Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas

26 mai 2012

Compétition
POST TENEBRAS LUX
de Carlos Reygadas
avec Adolfo Jimenez Castro, Nathalia Acevedo, Willebaldo Torres, Rut Reygadas, Eleazar Reygadas...

Habitué à diviser la critique, de par la langueur de ses plans, son approche mêlant religion, culpabilité et sexualité, le réalisateur mexicain Carlos Reygadas revenait cette année en compétition avec « Post Tenebras Lux », une œuvre une nouvelle fois déroutante. La première scène, contemplative, suit une petite fille marchant en bottes dans un champs détrempé, au milieu de vaches et de chiens qui s'entrecroisent. Filmée avec une focale créant des dédoublements de l'image sur son pourtour, cette longue introduction nous plonge progressivement dans l'obscurité de la nuit, doublée d'un orage, avant de nous faire pénétrer dans une maison où apparaît une silhouette de diable rouge incandescent, armé d'une mallette et cherchant une chambre où accomplir son œuvre.

Lorgnant clairement dans cette scène du côté d'Apichatpong Weerasethakul, lauréat de la Palme d'or pour « Oncle Boonmee, qui se souvent de ses vies antérieures », Reygadas nous invite ensuite à un récit au passé, en apparence éclaté, qui reviendra boucler sur une mort ainsi annoncée. Marquant les différences de classes par le contraste entre intérieurs riches ou précaires, les relations de famille ou de voisinages hypocrites forcément biaisées par le rapport employeur-employé, la culpabilité liée à une sexualité déviante (le rêve échangiste tout nimbé de rouge), Reygadas embringue le spectateur vers le crépuscule de deux couples et une renaissance à la vie à laquelle on aurait aimé croire. Mais malgré la beauté de la photo, il faut bien avouer que son nouveau trip fantasme – culpabilité - punition divine, ne fonctionne plus.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur