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Festival de San Sebastian 2011 : Impression – Michelle Williams en femme tentée par l'adultère pour Sarah Polley dans Take this waltz
Sarah Polley a fait le déplacement jusqu'au Pays basque pour présenter son second film en tant que réalisatrice, après le magistral « Loin d'elle » avec Julie Christie. Avec « Take this waltz » elle signe une comédie dramatique sur le couple, la tentation de l'adultère, les petites choses qui font la complicité de tous les jours, l'usure et l'insatiable besoin de remplir un vide, dès qu'il apparaît. Symptôme de nos vies occidentales contemporaines, ce vide existentiel qui fait souvent que les relations ne durent qu'un temps, est selon la réalisatrice le nœud de son histoire, le moteur même de son personnage principal. Interprétée par Michelle Williams, entre fragilité, dépendance affective et irrépressible désir d'envol, Margot est une jeune femme qui vit à Toronto avec son mari, et découvre à quelques maisons de là, un voisin aussi séduisant qu'amusant, et donc potentiellement dangereux.
De leur rencontre et leur jeu de séduction la réalisatrice fera le cœur des trois quarts de son film, contant les élans réprimés, les frustrations, évoquant au passage, même si elle s'en défend, « Quand Harry rencontre Sally » (lors d'une scène au restaurant, où une scène de sexe est décrite oralement dans le moindre détail, jusqu'à l'étourdissement des deux protagonistes) ou « Elle et lui » (lorsqu'ils se donnent rendez-vous trente ans plus tard pour enfin s'embrasser, sur les lieux de leur première rencontre). Romantique, son scénario l'est sans contestation possible. Mais il semble aussi profondément désabusé. La scène charnière du film, caméra tournoyante autour du point central d'un loft, laisse entrevoir en quelques plans toutes les étapes de la vie d'un couple, de l'espéré jusqu'à la routine, désespérante de banalité. Sur fond musical de la chanson titre, signée Leonard Cohen, la réalisatrice résume en quelques images cette peur du vide qui revient progressivement.
Mais « Take this waltz » est avant tout une comédie. Et Sarah Polley sait comme personne capter la chaleur d'un intérieur, d'un foyer. Le plan sur les pieds nus de Michelle Williams préparant des muffins dans sa cuisine, ouvre et boucle le film de manière rassurante. Les détails qui font la complicité des couples, gamineries parfaitement assumées, jeux idiots qui sont autant de preuves d'affection, sont au cœur du cinéma intimiste de cette talentueuse directrice d'acteurs. Des moyens d'aimer à en tuer l'autre que se décrivent mari et femme, à leur manière de se parler dans l’œil, en passant par un trombone sur lequel les amants soufflent sans relâche, elle sait capter ces moments de vie, artifices forcément voués eux aussi à l'usure.