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L’Étrange festival 2011 : jour 7 - Endhiran - the robot : trois heures de cinéma « kollywoodien » rejouissantes
Jeudi, en début de soirée, les fans de « Toto qui vécut deux fois » de Daniele Cipri et Franco Maresco, pellicule blasphématoire sortie en France il y a deux ans grâce à E.D. Distribution, étaient au rendez-vous pour assister à la projection de leur film précédent « L’Oncle de Brooklyn » (+2), sorti en 1995. Après la vision du métrage, on ressort avec la certitude que, malgré leur excès, les deux réalisateurs italiens sont de véritables auteurs avec un univers ultra-personnel où le fond un peu crasseux (ça pète, rote, pisse… à tout va) est rattrapé par un sens certain de la mise en scène privilégiant les plans fixes, la beauté du noir et blanc et les silences. On n’a beau pas tout comprendre dans cette sombre histoire où à Palerme, deux mafiosi nains demandent à quatre escrocs de garder leur oncle (un vieux parrain muet), on est ébloui par la radicalité de la mise en scène qui fait penser à du Pasolini sous acides. « L’Oncle de Brooklyn », qu’on peut situer un cran au-dessous de « Toto…. », se permet toutes les provocations (ce qui, il est vrai, peut lasser) comme dans cette scène incroyable où un homme s’approche de la caméra pour compter les spectateurs dans la salle et leur expliquer que s’ils sont assis là à regarder le film, c’est qu’ils aiment ce qui est dégoûtant. S’il risque de choquer ceux qui ne sont pas habitués au cinéma de ces deux réalisateurs iconoclastes, il était impensable que l’Etrange Festival 2011 se fasse sans eux et sans cette curieuse avant-première. « L’Oncle de Brooklyn » sortira en France en décembre prochain.
Changement total de genre (si on aime tant l’Etrange Festival, c’est aussi pour son bel éclectisme) avec « Endhiran – Robot the movie » de S. Shankar (+3), un film « kollywoodien » de près de trois heures qui en parait largement une de moins. Aussi, cette histoire d’un professeur qui a mis au point un robot capable de penser et de ressentir des émotions (machine et professeur sont joués par le même acteur : Rajinikanth) est un grand moment de divertissement, certes un peu naïf, mais bourré d’effets spéciaux déments, de chants et de danses « clipesques » à la mise en scène psychédélique et maitrisée. Plus gros budget du cinéma bollywoodien (près de quarante millions de dollars) mais aussi plus gros succès cinématographique en Inde (un juste retour des choses), ce métrage dont l’action rebondit sans cesse et ne laisse pas le moindre instant pour souffler (ce qui est très bien comme ça) est un grand moment de cinéma pop corn comme on en fait qu’en Inde. Au bout de trois heures de projection, le film a été largement applaudi par un public plus que conquis.