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Cinéma

Berlin 2008 - Jour 6 – Johnnie To encore et toujours en forme

13 février 2008

Mardi 12 février 2008

Night and Day
(9h00)
Compétition
Niveau -1

Un coréen débarque à Paris, ayant peur de retourner au pays et de faire l'objet d'une arrestation. Chapitré par dates, sur nombre de journées entre août en septembre, le nouveau film de Hong Sang Soo (« La vierge mise à nu par ses prétendants ») dépeint par petites touches l'exil de cet homme perdu entre trois femmes: la sienne qu'il a au téléphone régulièrement, une ex croisée par hasard dans la rue, et une amie que lui a présenté un voisin. Entre réflexions peu profondes sur la vie, préjugés nombreux, et gamineries des personnages féminins, le film devient vite irritant, malgré d'indéniables touches d'humour et au début, un certain sens de la poésie dans la manière de filmer, notamment l'eau des caniveaux... Quel ennui.

Sparrow
(12h00)
Compétition
Niveau +2

Johnnie To est de tous les festivals. On l'a en effet vu cette année à Cannes avec le très décevant « Triangle », puis à Venise avec le barré « Mad detective » qui sortira bientôt en salles. Le voici de retour à Berlin avec « Sparrow », séduisante comédie musicale non chantée, relatant les ennuis d'une bande de quatre pick-pockets au contact d'une mystérieuse femme en noir, fiancée à un mafioso local. Les chorégraphies des vols ne sont certes pas nouvelles (on avait déjà vu cela dans « Les neuf reines » par exemple), mais le sens du rythme dont fait preuve la mise en scène, surréaliste, ainsi qu'un humour pince sans rire (ah les poursuites par une bande d'éclopés...) séduisent forcément. D'autant que Johnnie To range pour un instant son attirail ultra violent, faisant place nette pour une fantaisie à la limite du romantisme. Une belle histoire d'entraide.

SOP
(15h45)
Compétition
Niveau +1

Errol Morris (« Une brève histoire du temps ») propose ici le premier documentaire jamais montré en compétition à Berlin. Standard Operating Procedure est le nom des techniques d'interrogation ou de séquestration considérées comme « normales » par les autorités américaines. Tournant autour de la guerre en Irak et permettant une vision des sévices subis par les prisonniers dans la prison d'Abuh Ghraib, le film interroge aussi sur la capacité des photographies à relater une vérité. Ainsi, les quelques témoignages qui composent le film, ponctué de photos et reconstitutions minimalistes, permettent d'avoir différentes interprétations de certaines « tortures » infligées aux détenus. Certains accusent, d'autres se déchargent. Enfin, montrant au départ, à l'aide d'une maquette 3D de la prison, la manière dont certaines photos sont situées dans l'espace comme dans le temps, le classement entre SOP et autres, proposé par l'accusation remet en perspective droit international et pratiques. Dommage que Morris s'en tiennent cependant uniquement à des témoignages internes.

Cherry Blossoms - Hanami
(18h30)
Compétition
Niveau +2

Ce film allemand a été formidablement reçu ici par la critique. Peut-être parce que le traitement simple de la vie d'un couple dont le mari est condamné, et refuse de changer ses habitudes, continuant à travailler et à pantoufler, séduit par son humour latent, notamment dans les rapports avec des enfants partis s'installer à la ville (Berlin). La communication entre générations, mais aussi à l'intérieur du couple, la connaissance de l'autre, sont au centre des interrogations, nombreuses, posées par le film. Après une première partie plutôt mièvre mais drôle, la seconde plonge le mari dans un Tokyo déboussolant, à la recherche de contacts et de sensations. Une perte de repère qui tire le film vers le poétique, sans pour autant abandonner le filon larmoyant. Une jolie histoire qui aurait mérité un peu plus de finesse.

Otto, or up with dead people
(22h30)
Panorama
Niveau +1

Bruce LaBruce est un réalisateur canadien connu pour ses films underground, comme "Hustler White". Ici, il nous livre une histoire de zombies gays, dont le fameux Otto, qui pour éviter d'être massacré par les vilains hétéros fascites, deviendra lui même acteur dans un film de zombies, intitulé « up with dead people ». Difficile d'adhérer à la forme, notamment aux longs discours face caméra de la réalisatrice, qui finissent cependant par devenir tellement auto-parodiques qu'ils en sont risibles. Restent, entre quelques dispositions bien gores (la pénétration sexuelle des blessures, notamment abdominales, la jouissance par mutilations...), de bonnes idées, dont la petite amie version film muet, qui partage par moment l'écran avec la réalisatrice. On s'amuse un moment, mais le tout est tout de même assez indigeste sur la durée.

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur
Source : OB