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Cinéma
Berlin 2008 - Jour 2 – Déception américaine et frissons espagnols
Vus la veille:
My Winnipeg
(10h00)
Forum
Niveau +1
Précédé de trois excellents courts métrages dans lesquels Isabella Rossellini nous joue avec humour et un schématisme assumé les actes sexuels des insectes (« Green Porno » – Niveau +3), le nouveau long métrage de Guy Maddin (« The saddest music in the world » et « Brand upon the brain! »), documentaire orienté sur sa ville natale, Winnipeg. Mis en image dans un noir et blanc alliant images d'archives et reconstitutions fictives. Pointant avec un certain humour la nécessité de partir de cette ville, il filme sa ville, éternelle enneigée, au travers d'une fenêtre de train, critiquant la disparition de certains bâtiments emblématiques de certains glorieux... échecs, comme la chute de l'équipe locale de Hockey. Un joli portrait, fortement subjectif.
Om Shanti Om
(18h00)
Séance spéciale
Niveau +3
LA star masculine du Bollywood, intarissable, infatigable et éternellement jeune, Shah Rukh Khan (« Devdas ») est présent à Berlin pour la présentation de son nouveau drame chanté en indou « Om Shanti Om ». Véritable caméléon, doué pour la danse, la chanson et les changements de registres à tout va, le dieu vivant indien joue avec son image de star inaccessible en interprétant deux rôles, celui d'un figurant amoureux d'une belle actrice et de sa réincarnation en fils à papa, aussi friqué que superficiel. Décors splendides, costumes colorés, chorégraphies endiablée jouant en deux temps sur les années 70 et les années 2000, « Om Shanti Om » entraîne forcément dans son rythme, grâce à un sur-jeux assumé, des trahisons éhontées et un humour omniprésent. Festif.
Vendredi 08 février 2008
In love we trust
(9h00)
Compétition
Niveau +1
C'est donc parti pour la compétition, avec un film chinois contemporain dans lequel un couple découvre que leur fille est atteinte d'une leucémie, et n'a plus que quelques années à vivre au maximum. La seule solution: avoir un autre enfant dont la moëlle osseuse pourrait être compatible... mais avec l'ex mari, remarié depuis. Sans grande originalité et dans un silence religieux le scénario pose un certain nombre de questions éthiques comme intimes concernant l'amour et la survie, optant pour une série de dégâts collatéraux forcément préjudiciables aux deux couples. L'actrice principale, Liu Wei Wei, pourrait bien faire parler d'elle pour le prix d'interprétation, mais le film reste trop clinique pour emporter l'adhésion totale.
There will be blood
(12h30)
Compétition
Niveau +3
Plus classique qu'à son habitude, Paul Thomas Anderson (« Punch Drunk Love », « Magnolia ») nous offre un film extrêmement noir sur la cupidité. Plongeant au coeur de la quête de l'or noir sur le sol américain, il dresse le portrait d'un ou plutôt de deux ambitieux, désireux chacun d'un certain pouvoir: le premier, le foreur, celui de l'argent, l'autre, le prêcheur, celui religieux. Chacun à sa manière cherche à avoir de l'influence sur les gens, en les roulant dans la farine par des artifices tous personnels. Daniel Day Lewis est impressionnant dans ses colères et sa fierté, comme dans ses égarements. Quant à Paul Dano, avec son visage angevin, il réussit à diablement angoisser. Reste une reconstitution impressionnante et un scénario prenant et politique, mais dont la mise en image déçoit un peu, Paul Thomas Anderson ayant semble-t-il renoncé à faire monter la pression, laissant cela à la charge des numéros de ses acteurs.
Conférence de presse:
There will be blood
Paul Thomas Anderson, Daniel Day Lewis et Paul Dano
3 points à retenir:
- s'il n'avait pas été malade à Londres, Paul Thomas Anderson n'aurait peut être pas acheté le livre de 1927 dont est tiré le film
- sur le plateau, Paul Dano, qui avoue ne se sentir jamais assez préparé, devait libérer son instinct animal, sans pour autant avoir subi la moindre préparation physique particulière
- dans une situation où la relation des personnages demande des collisions de la sorte, on doit quand même créer un travail en commun, user du compagnonnage (Daniel Day Lewis à propos des deux rôles principaux et de ses relations avec Paul Dano)
Black Ice
(16h00)
Compétition
Niveau -1
Scénario laborieux et pas vraiment crédible pour ce film finlandais aux allures de thriller psychologique. Une cinquantenaire s'y fait passer pour une autre de manière à approcher la maîtresse de son mari. Dès le premier face à face, on y croit plus, tellement les symboles sont appuyés, la femme, à court de partenaire si je puis dire, se retrouvant à devoir « affronter » la professeur de judo cad la maîtresse. Malgré une interprétation de qualité, notamment de la part de Ria Kataja, jeune actrice prometteuse, à la fois fougueuse et sulfureuse. L'utilisation inopportune de la musique pour créer une tension artificielle, ajoutée à un scénario téléphoné achèvent de faire de ce polar glacé, un soufflé sans volume.
Lemon Tree
(19h00)
Panorama
Niveau +3
Deuxième film du réalisateur israélien de « La fiancée syrienne », « Les citronniers » (ou « Lemon tree ») est une jolie fable pleine d'un humour salvateur face à une nouvelle situation de blocage. Car décidément Eran Riklis aime à se préoccuper de problèmes de frontière, puisqu'il met cote à cote les maisons du Ministre de la défense israélienne et une vieille palestinienne tirant quelques revenus d'un champs de citronniers que les services secrets veulent raser pour des questions de sécurité. Juste vision d'un Etat qui construit sa propre prison, et se prive des vues agréables de la vie, le film bénéficie d'un subtile mélange entre tensions militaires, judiciaires voires sociales (la dame est veuve et semble avoir un faible pour son jeune procureur), et d'humour quotidien ou communautaire. A découvrir pour son charme et celui de l'éternelle Hiam Abbass.
Shiver (Eskalofrio)
22h30
Panorama
Niveau +3
Dernier film de la journée, dans la mouvance des « Rec » et autres « L'orphelinat », la nouvelle bombe horrifique espagnole. Alors qu'une mère déménage dans une vallée reculée, permettant ainsi à son fils d'éviter la lumière à laquelle il est allergique, ce dernier se trouve mêler à d'étranges meurtres perpétrés dans les bois. Extrêmement efficace, usant de ficelles certes rebattues (un buisson qui frétille, une mèche de cheveux qui s'approche d'un visage allongé...), le réalisateur ménage un bon moment le suspense quant à la créature qui sévit dans les parages, provoquant moultes frissons, notamment lors d'une scène où le jeune héros, se barricade chez lui. La seconde partie, si elle est moins effrayante, joue sur le tableau de l'humour, avec l'arrivée du pote gaffeur, et des explications plus rationnelles mais non moins rassurantes. Signalons qu'ici le public à beaucoup rit car la vision des touristes allemands, dont l'affriolante jeune mère de famille casse avec bonheur certains clichés. Vite, on verrouille les portes et on va se coucher.
Egalement:
Lire la critique de « La fabrique des sentiments » par Olivier Bachelard