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TOP 5 FILMS DE QUENTIN TARANTINO
Scénariste et réalisateur sur ses huit longs-métrages, Quentin Tarantino a aussi à son actif la réalisation d’un des cinq mini-films de "Groom Service", une scène de "Sin City" de son ami Robert Rodriguez et le dernier épisode de la saison 5 de la série télé "Les Experts".
Pour établir son classement des cinq films préférés de QT, Abus de Ciné s’est replongé dans sa filmographie de longs-métrages sortis au cinéma. Quoi de plus naturel finalement pour un cinéaste qui adore lui aussi faire chaque année des listes de films…
5e // KILL BILL VOL. 2
Un cinéma de plus en plus féministe !, par Mathieu Payan
"Jackie Brown" est le film le plus personnel de Quentin Tarantino. Son film le plus abouti et le plus mûr aussi. Pourtant, en salles il ne rencontre pas le succès escompté. QT essuie un revers qui lui fera beaucoup de mal. Il faudra quatre ans pour qu’il retrouve les plateaux de tournage avec nouvelle vraie envie de cinéma. Cette envie suscitée par Uma Thurman, c’est l’histoire de La Mariée de "Kill Bill". Un diptyque qu’il veut plus fun, plus cool et plus divertissant, citant directement ses genres de prédilection (western, manga, kung-fu, mafia…). Six mois après l’énorme succès au box-office du Volume 1, le Volume 2 sort dans un registre plus drôle, moins violent et plus psychologique. Les scènes de la vie de Bud, videur dans un bar, sont à ce titre éloquentes.
Plus long de 30 minutes, cette suite n’est pas seulement le dénouement du premier volet, c’est aussi le film qui explique la tuerie de la Chapelle et place La Mariée et Bill dans des rôles parentaux inédits. L’émotion s’installe, que ce soit dans les scènes finales avec ce cocon familial prêt à imploser, ou celle de La Mariée découvrant qu’elle est enceinte dans une chambre d’hôtel où on est essaie de l’abattre. Le Girl Power de QT est à son paroxysme (après "Jackie Brown" et avant le gang des filles du "Boulevard de la mort"). Après un cinéma très masculin avec ses bandes de mecs en costards noirs et chemises blanches, QT devient un cinéaste féministe à part entière. Où le plaisir de faire des films est intimement mêlé au plaisir de les visionner.
Notre critique : "Kill Bill : volume 2"
4e // INGLOURIOUS BASTERDS
Kill Adolf, par Mathieu Payan
Après le relatif succès critique et public de "Boulevard de la mort", Quentin Tarantino ressort son vieux projet de l’adaptation d’un film qu’il affectionne particulièrement "Les douze salopards" de Robert Aldrich. L’occasion pour le réalisateur de se plonger dans un nouveau genre : le film de guerre.
Fidèle à son style, QT mélange bien entendu les genres, saupoudre par-ci par-là de western et de mélodrame, et incorpore des références à ses films ("Kill Bill" notamment avec cette vengeance de femmes) et aux films des autres ("Le Bon, la brute et le truand", "Cendrillon"…). Comme toujours en revisitant un genre, il en invente un nouveau. Ici, la plus belle entorse faite au film de guerre est la place faite aux femmes. Jamais, vous ne verrez deux rôles féminins aussi forts (Shosanna Dreyfus et Bridget Von Hammersmark) dans aucun autre film de guerre !
La première est découverte dans l’incroyable scène d’ouverture de 20 minutes du film. Une scène qui propulse également deux inconnus sur le devant de la scène : Christoph Waltz, l’Autrichien, et Denis Ménochet, le Français. Ici, direction d’acteur, mise en scène et dialogues sont au sommet de l’art tarantinien ! Puis QT déroule sa fable entre comédie et horreur où le cinéma en toile de fond terrasse métaphoriquement Hitler ! Il fallait oser, QT l’a fait !
Notre critique : "Inglorious Basterds"
3e // DJANGO UNCHAINED
Une émotion que l'on ne lui connaissait pas, par Frédéric Wullschleger
Cinéaste cinéphile s’il en est, Quentin Tarantino a toujours flirté avec le western. De la construction narrative de "Kill Bill : volume 2" à la séquence d’introduction de "Inglourious Basterds", en passant par de nombreux emprunts et références diverses, le cinéma de QT n’avait jusque-là qu’effleuré ce genre majeur du cinéma, de son essence américaine à sa relecture typiquement italienne. En abordant de front ce qui n’était jusque-là qu’un fantasme de réalisateur, Tarantino évite, une fois n’est pas coutume de se reposer sur d'évidentes références cinéphiliques (en dehors de citations directes, comme l’atteste le générique et le titre), et s’empare du western pour en détourner les archétypes et se les approprier.
Le résultat, entre rire et stupeur, surprend par sa démesure narrative, sa beauté formelle inouïe et son irrésistible insolence. En ne détournant jamais les yeux de la gravité de son sujet, il se permet même une émotion que l'on ne lui connaissait pas, et invente sur la durée un véritable mythe cinématographique : l'esclave devenu vengeur. Prolongation jouissive d’une idée développée dans son précédent film, faisant du cinéma l’outil de la vengeance des opprimés, "Django Unchained" s'impose sans peine comme le meilleur film de son auteur.
Notre critique : "Django Unchained"
2e // KILL BILL : VOL.1
« Revenge is a dish best served cold », par Tristan Gauthier
Sur le papier, "Kill Bill" apparaît comme un jeu de massacre pour bourrins en manque d'hémoglobine, hommage aux films d'exploitation pétris d’ultra-violence et de répliques provocatrices. C'est sans compter sur la maestria de Tarantino pour donner relief et panache à un scénario qui semble de prime abord pouvoir tenir sur une feuille de papier.
Béatrice, alias La Mariée, alias Black Mamba, anciennement membre de l'organisation criminelle des Vipères assassines, voit débarquer Bill, son ex-patron, le jour de son mariage. Petit problème, le monsieur, qui n'est autre que son ex-amant, supporte mal son changement de cap et fait un carton sur l'assistance, accompagné de ses quatre acolytes. Laissée pour morte, la mariée se réveille et ne rêve que d'une chose : tuer Bill.
Si l'histoire reprend grosso modo "La mariée était en noir" de Truffaut, "Kill Bill" tire indéniablement sa substance du shambara, le film de sabre japonais, genre qui fit florès dans les années 70. Uma Thurman, plus sexy que jamais en combinaison moulante, sabre au poing et chaussée de ses fameuses Asics jaunes, se transforme en redoutable machine à tuer, laissant derrière elle une traînée de cadavres dont elle a consciencieusement découpé les membres.
Avec "Kill Bill", véritable déclaration d'amour au 7e art, Tarantino livre son opus le plus flamboyant, authentiquement fun et sans complexe, doté d'un humour noir totalement décapant. Alternance entre couleur et noir et blanc, scènes de combats ultra chorégraphiées, chevilles fauchées façon hip-hop, duels à la Leone, clins d’œil à l'inspecteur Harry ou geysers de sang improbables en hommage à la saga Baby Cart, Mister T. n'a de cesse de réinventer la matière cinématographique et nous procure une sensation de jouissance immédiate.
Sous cette avalanche visuelle servie par une B.O survitaminée, chaque scène fait l'effet d'une petite bombe et devient instantanément culte. Une gourmandise à la fois âpre et incroyablement légère à déguster sans modération.
Notre critique : "Kill Bill : volume 1"
1er // PULP FICTION
Une Palme d’or, des huées, un doigt d’honneur et un Oscar, par Christophe Brangé
Deux ans après "Reservoir Dogs" qui a hissé Quentin Tarantino au sommet de la liste des réalisateurs à suivre, sort sur les écrans "Pulp Fiction". Film culte parmi les cultes, le métrage suit le quotidien de petits malfrats, plus fous que doués, au milieu de la pègre de Los Angeles. Par un montage habile, le réalisateur nous plonge au cœur de trois histoires, toutes autant délirantes que violentes. Les bases de son cinéma sont déjà posées, que ce soit les références à la pop culture, au mélange des genres, en passant par l’esthétisation de la violence. Les dialogues sont cinglants et galvanisants, l’humour est corrosif, et le scénario alambiqué est retranscrit avec une extrême fluidité et intelligence.
Sur un rythme effréné, le cinéaste malaxe le temps pour nous surprendre en permanence, nous offrant également de nombreuses scènes d’anthologie, notamment les lectures bibliques de Jules Winnfield avant de donner la mort ou encore cette parade chorégraphiée entre John Travolta et Uma Thurman.
Mais "Pulp Fiction" ne serait pas ce qu’il est sans son casting impeccable, chaque acteur apportant la touche indispensable à l’édifice. Transportant une nouvelle fois le film de gangsters sur un registre inattendu, Tarantino parvient à mêler pur plaisir et rigueur scénaristique, nous laissant dans un état d’allégresse totale après le visionnage. Ambitieux aussi bien sur le fond que sur la forme, le film regorge d’idées de mise en scène ingénieuses pour adapter l’excellent scénario. La suite, on la connaît, une Palme d’or, des huées, un doigt d’honneur, un Oscar, et aujourd’hui encore, "Pulp Fiction" est considéré comme l’un des meilleurs métrages de Mister Tarantino. En tout cas, nous, on ne s’en lasse toujours pas !