INVASION
Une variante plus réussie
Lorsque Etsuko rentre à la maison, son mari semble ailleurs, à regarder le ciel. Le même phénomène se passe à son travail, où son patron semble comme absent. C’est alors qu’une collègue lui demande de dormir chez elle, car elle aurait vu… un fantôme…
Plus habitué des films d'horreur ("Kaïro", "The ring") et des films policiers flirtant parfois avec le fantastique ("Creepy"), le réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa s’est plongé l’an dernier dans le genre de la science fiction avec le récit d’une invasion extra-terrestre ("Avant que nous disparaissions", passé par Cannes en 2017 et sorti en salles au mois de juin dernier). Le voici qui réitère l’expérience avec un film sur le même thème, sorte de véritable variation, puisque les dons des envahisseurs, leur apparence humaine, l’utilisation qu’ils font de certains humains semblent être à peu chose près les mêmes. Ajoutons cependant que le film peut parfaitement se voir indépendamment, mais que la vision des deux provoque un certain trouble.
S'amusant ainsi avec les codes d'une science fiction d'un autre temps, auquel il empreinte même ponctuellement aussi les sonorités musicales, Kurosawa nous plonge ainsi au cœur de la vie d’Etsuko, dont le mari devient malgré lui un "guide" pour ceux qui préparent l'invasion à venir. Il faut dire que son film est tiré d’une série télé en 5 épisodes, remontée ici en 2h20, qui est adaptée d’une pièce de théâtre de Tomohiro Maekawa, considérée comme un hommage aux films de science fiction des années 50. Utilisant des gens et des situations ordinaires, limitant les effets à des pluies diluviennes, des miroirs qui se mettent soudainement à vibrer et quelques soudains évanouissements, l'auteur réussit à générer une ambiance inquiétante tout au long du métrage.
En arrière plan, il joue avec la peur irrationnelle et la théorie du complot, toutes deux finissant par imprégner totalement le film, créant ainsi une ambiance légèrement angoissante. Le scénario interroge quant à lui, comme dans son précédent film, sur la nature de l’être humain, sa capacité à ressentir des émotions, et donc à connecter avec ses semblables. Reposant indéniablement au final sur la qualité de jeu de ses interprètes, parvenant à nous faire aux situations les plus incroyables, "Invasion" se pose à la fois en hommage et en film résolument moderne.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur