EVERYTHING WILL BE FINE
Les conséquences du drame
Un jeune auteur, en manque d’inspiration, rentre chez lui en voiture. Au détour d’une route enneigé, il manque d’écraser un petit garçon faisant de la luge en bordure d’une propriété. Ramenant à pieds au bout du chemin, l’enfant silencieux auprès de sa mère, celle-ci demande alors au petit où est passé son frère. Elle se met alors courir en direction du véhicule, mais il est trop tard pour sauver le second enfant…
Wim Wenders, à qui le Festival de Berlin rendait cette année hommage, a plutôt divisé la presse avec son dernier film, présenté naturellement hors compétition. Récit parcourant plusieurs décennies, ce film, centré sur les conséquences individuelles d'un accident sur plusieurs personnages, apparaît à la fois comme méticuleux et visuellement appliqué, l'auteur composant de superbes plans, dans une photographie 3D qui isole à merveille les personnages enserrés dans leurs solitudes.
Car le cinéaste allemand s'intéresse avant tout aux souffrances des uns (la mère, les femmes de l'auteur...) et à l'insensibilité apparente des autres (l'auteur, interprété par un James Franco tout en subtilités). Si le drame a des conséquences par ricochets, sur des personnes non directement concernés (les conjointes), il peut aussi en avoir à retardement, des années plus tard. Et c'est ainsi à un nouveau drame que semble nous préparer avec intensité la lente évolution de personnages en apparence figés.
Disposant d' une scène d'installation qui annonce avec tact l'accident initial, finement chronométrée, à la fois sublime picturalement et créant une inquiétude viscérale, « Everything will be fine » s'engouffre ensuite dans les souffrances de chacun, levant le voile entre quelques ellipses temporelles, sur à la fois la détresse de la mère, la déshumanisation de l'écrivain, et le traumatisme du frère survivant. Aussi beau plastiquement qu'émouvant, le film bénéficie de plans impressionnants de profondeur (la scène de discussion dans le bar...), tout en abordant des thèmes fondamentaux comme la justice, le pardon, le talent ou encore l'espoir. Tout simplement bouleversant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur