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LE PRÉSIDENT

Un film de Yves Jeuland

En politique, tout n'est que jeu d'image

La caméra d’Yves Jeuland s’invite dans l’intimité de Georges Frêche, surnommé « le Président », durant les six mois de sa campagne électorale pour la présidence du Conseil régional du Languedoc-Roussillon…

Décrié par le parti socialiste français, Georges Frêche n'est pas un personnage qui laisse de marbre. Pour preuve, ce petit élu, ancien maire de la ville de Montpellier pendant près de trente ans, a su attirer sur sa personne la plupart des grands médias nationaux. Comment a-t-il réussi ? Grâce à une politique de communication au parfum de scandales et dérapages verbaux. Vous rappelez-vous de cet élu qui avait trouvé que Laurent Fabius avait une allure peu orthodoxe ? C'était lui. Ses propos furent très vite relayés par les journaux du pays à la manière d'une trainée de poudre.

Le cinéaste Yves Jeuland, habitué des documentaires sur les politiques, est parvenu à s'immiscer dans l'envers du décor d'une campagne électorale et (potentiellement) à se faire oublier par le Président et ses conseillers. Car le réalisateur a choisi un candidat d'envergure. Son film est d'ailleurs plus un portrait d'un candidat en période électorale, à l'appétit gargantuesque, qu'un véritable document sur le rôle et les idées du politique. Pour cause, on a du mal à se rendre compte de ses fonctions tant Jeuland ne s'évertue qu'à le montrer en train de parapher des pages et des pages de registres, sans même y avoir jeté un œil.

Il s'agit malgré tout d'un parti-pris plus que défendable. Je ne suis pas sûr que le spectateur désire voir un documentaire sur les fonctions du président d'un Conseil régional quand la star du film est un personnage aussi controversé que Georges Frêche. Jeuland s'attache à montrer comment les propos de l'ex-maire de Montpellier ont servi de pilier à sa stratégie déployée dans la course aux régionales. Le résultat est très efficace. Sans être féru de politique, on est vite pris par le montage du réalisateur et les échanges entre Frêche et ses deux principaux conseillers en communication. Jeuland prouve alors par l'image ce dont tout le monde se doute : la politique n'est qu'une affaire d'image. Cela dit en nous montrant, par exemple, Georges Frêche, devant des milliers de militants, se remémorer l'histoire de son père, la larme à l'œil, et ensuite admettre, en comité restreint, que c'était du pipeau, le réalisateur nous claque la réalité en pleine figure. Et ça fait un peu mal…

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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