FATAL
Bien, t'as vu !
Fatal Bazooka, le boss des rappeurs français, est au sommet de la gloire : des millions d’albums vendus, 4 Music Awards, une femme parfaite, et bientôt l’ouverture d’un parc d’attraction à son nom. Jusqu’à l’arrivée de Chris Prolls, un pro de l’électro. Au cours d’une cérémonie, le masque de Fatal tombe : il s’appelle en fait Robert Lafondue et ne vient pas du tout de banlieue, mais des Alpes ! Comment va-t-il se remettre de ce coup… fatal…
En perte de vitesse après des choix de carrière désastreux ("Incontrôlable", "Héros"...), Michael Youn revient sur le devant de la scène cinématographique, et en profite, comme ça c'est fait, pour passer à la réalisation. Et c'est tant mieux ! Plus proche du délirant "Les 11 Commandements" ou du potache "La Beuze", "Fatal" convoque le meilleur du talent de son auteur, en y ajoutant une véritable envie de cinéma. Et putain, ça fait du bien, t'as vu !
Reprenant son personnage-fétiche de rappeur savoyard, Youn prouve dès les premières minutes qu'il n'a rien perdu de son talent pour la satire et la parodie, enchaînant les faux clips délirants (« J'veux du uc ! ») et les mises en boîte d'émissions télés people avec une bonne humeur communicative, jouant sur les gags visuels et dialogués avec une réelle jouissance. Entourés de seconds rôles hilarants (mention spéciale au barbu Vincent Desagnat), Youn moque les superstars du rap ricain et leur besoin de bling bling, avant une descente aux enfers à l'arrière goût de confession.
Auto-parodie ou fiction autobiographique ? On ne le sera jamais vraiment, mais là n'est pas la question. De tous les plans, de tous les gags, Youn fonce avec jubilation dans le n'importe quoi le plus débridé, se permet d'asséner quelques vérités toujours bonnes à entendre (si tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens...) et se joue des codes cinématographiques. Rythmé, coloré, monté avec goût et plein de ces refrains délirants dont il a le secret, "Fatal" s'impose comme un excellent baptême du feu pour l'apprenti-réalisateur. Vous connaissez l'adage : vivement la suite ! T'as vu !
Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur