A PERFECT DAY

Enfin un film sur le Liban qui donne autre chose à voir qu'un pays déchiré par des années de conflits… Une image du Liban moderne, où le souvenir de la guerre n'est pas gommé mais où il laisse place à l'avenir, à la promesse d'une nouvelle vie où les cafés et les balades en bord de mer forment l'arrière-plan d'une société qui aspire à la normalité.

Ce film est le récit d'une journée, qui tout en prenant les aspects du quotidien, marque en réalité un tournant dans la vie de Malek et sa mère Claudia ; à tous deux, cette journée offre en effet l'occasion de tirer un trait sur le passé et ses démons, de recommencer une nouvelle vie…Pour Malek, cette épreuve se complique de troubles du sommeil, qui le poussent à s'endormir dès que son rythme se ralentit, et ces « apnées » donnent au film une touche presque onirique, suspendant le cour de sa journée et également la narration du film…

Malgré les enjeux importants qui se jouent (deuil, rupture amoureuse) le récit comme l'interprétation sont marqués par la retenue, et l'économie (de dialogue, d'effets, de mélo) et c'est précisément ce qui rend le film à la fois attachant et convaincant : en restituant subtilement les moments simples qui émaillent une journée, même capitale, le film gagne en densité ; le réveil, les embouteillages, le moment du café sont autant de séquences qui nous imprègnent de l'odeur de Beyrouth, de sa chaleur, bref, du pouls de la ville...La ville et ses contrastes sont sublimés par une réalisation très soignée.

En outre, les deux personnages principaux sont interprétés par des acteurs extrêmement charismatiques qui laissent percer avec beaucoup de finesse et non moins de force les tourments qui les agitent. Ainsi, même si le scénario et les dialogues sont relativement dépouillés, le charme opère ; on se laisse envoûter par le rythme lancinant de cette histoire et les visages des protagonistes nous restent en mémoire un long moment…