GIRL

Avec "Girl", Lukas Dhont signe son premier film et c'est, pour ainsi dire, un sans faute. En s'inspirant d'un fait réel, il se focalise sur le quotidien d'une jeune danseuse étoile transgenre. Il dresse ainsi un portait marquant sur l'adolescente et les problèmes liés à l’envie de transition aussi pressante que la réalité devient frappante.

Sans jamais verser dans le cliché, le réalisateur traite habilement un sujet encore trop méconnu ou survolé au cinéma : la différence de son personnage et la violence envers soi-même. En effet, il se concentre sur l'identité sexuelle de Lara et réussit à plonger le spectateur dans son quotidien sans jamais la juger ni convoquer une curiosité souvent malsaine. La mise à l'épreuve du corps de la jeune fille est au centre du film. Ce corps est tel une prison et est en permanence malmené par dans les cours de danse et bien entendu par ce désir d’une transition qui ne va jamais assez vite. La réalisation, quant à elle, oscille habilement entre des moments de complicité et d'autres plus dramatiques.

Victor Polster qui campe le rôle de Lara, s'approprie parfaitement le rôle. Il joue avec justesse la difficulté que représente le fait d'être une adolescente transgenre en pleins questionnements. Une difficulté qui, malgré le soutien de son père et de son petit frère, est délicate à assumer face aux regards et aux paroles de son entourage. Difficile de croire qu'il n'ait jamais joué la comédie auparavant. Il en est de même pour le personnage du père, qui apporte un soutien permanent à sa fille mais qui se sent dépassé. Car avant tout,son enfant est une adolescente.

Avec une réalisation plus qu’élégante, "Girl" traite le sujet de la transition avec réalisme et pudeur. Après avoir remporté la Caméra d'or lors du dernier festival de Cannes (ainsi que 3 autres prix) pour ce film, souhaitons à Lukas Dhont de continuer sa carrière cinématographique comme il l'a commencée.