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ARÈS

Un film de Jean-Patrick Benes

Arrêt

Dans un futur proche, les affrontements ultra-violents entre des combattants bodybuildés et dopés sont devenus la distraction favorite des chômeurs. Désormais, le pays n’est plus contrôlé par l’Etat, mais par de puissants groupes pharmaceutiques qui utilisent ces combats pour se lancer dans une nouvelle forme de concurrence : mettre au point un produit dopant qui transformerait son cobaye en surhomme. Ancien combattant devenu flic, Arès se retrouve forcé de participer à nouveau à ces combats s’il veut sauver sa famille…

Particulièrement médiatisé depuis quelques mois, le second film de Jean-Patrick Benes (à qui l’on devait déjà le vilain "Vilaine" avec Marilou Berry) jouissait de visuels des plus alléchants, laissant paraître les atours d’une fable d’anticipation stylisée et nerveuse. Ce qui ressort pourtant de ce film est une toute autre impression, bien moins joyeuse celle-là. Un peu comme si la Gaumont, peut-être alléchée par le désir de cinéma visiblement surchauffé du bonhomme, avait offert une grosse enveloppe à ce dernier sans trop réfléchir, histoire de le laisser réaliser une grosse compilation de ses dystopies préférées, remplie à ras bord d’éclairages flashy et épicée par-ci par-là de scènes de bastons filmées n’importe comment. C’est bien simple : sur une durée aussi limitée que son scénario (le film ne dépasse pas 1h20 !), "Arès" ne propose pas un seul ingrédient, pas une seule idée, pas une seule scène qui n’ait pas déjà été vu ailleurs et en mieux.

Faisons un petit pêle-mêle : on y retrouve un futur sombre à la "Blade Runner", une ouverture en sépia façon "Stalker", un contraste de lutte des classes à la sauce "Metropolis", un Paris relooké avec des écrans partout comme dans "Immortel ad vitam", des nantis qui végètent dans des ruines comme dans "Les Fils de l’homme", un mercenaire ronchon et des arènes de free-fight violent similaires à celles de "Babylon A.D.", une science capitaliste qui réduit l’humain au rang de cobaye téléguidé comme avec "Ultimate Game", une révolte sociale couleur "Soleil vert", une gamine à cheveux fluo comme dans "Le Cinquième Élément", des bad guys fringués Gestapo comme dans "Equilibrium", on en passe et des meilleures.

Cette curieuse opération commerciale ne joue pas en faveur du film, lequel n’arrive jamais à créer un vrai dynamisme par le regroupement de tous ces ingrédients. D’un récit très mince qui ne nous implique jamais dans ses enjeux (faibles car trop condensés) jusqu’à un casting qui ne semble même pas désireux d’y croire (mention spéciale à un Ola Rapace aussi expressif qu’un tuyau), le plaisir du polar et de l’ambiance ne s’installe jamais. Par manque de personnalité, "Arès" a vite fait d’épuiser toutes ses cartouches et de se résumer à un jeu de devinettes du genre « Où ai-je déjà vu cette scène ? ». C’est d’autant plus rageant que, pour une fois, les gros moyens semblaient réunis pour remettre la SF française sur le devant de la scène. Peut-être devrait-on attendre le prochain film de Luc Besson pour espérer y croire à nouveau…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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