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BRAQUEURS

Un film de Julien Leclercq

Creux mais efficace

Yanis, Eric, Nasser et Frank forment un gang de braqueurs discret, efficace et professionnel, qui choisit minutieusement ses coups avant de s’engager. Jusqu’au jour où Amine, le petit frère de Yanis, frustré de ne tenir qu’un rôle mineur dans les braquages, commet une erreur impliquant des trafiquants de drogue de la Cité de Sevran. Pour protéger sa famille désormais menacée de mort, Yanis va devoir faire de lourdes concessions…

Lorsque les comédiens apparaissent à l’écran, d’abord lors d’une scène de braquage introductive qui annonce d’emblée la couleur, puis lorsqu’ils se rassemblent pour partager leur butin et révéler les liens à la fois professionnels et d’amitié qui les unissent, on a comme un sentiment de déjà-vu. Sami Bouajila en chef de bande mature et directif, Guillaume Gouix en ex-taulard à fleur de peau prêt à disjoncter, David Saracino en complice ayant décidé d’investir ses gains dans les affaires et de séduire au passage la (forcément sublime) sur de Yanis… Chaque personnage est typé exactement comme on pourrait s’y attendre, jusqu’aux relations qu’ils entretiennent entre eux. L’évolution de l’intrigue, elle aussi, est prévisible, puisqu’il ne fait aucun doute que les erreurs du petit frère entraîneront le grand dans de beaux draps, et tout son petit monde avec lui. On tient donc là la mécanique habituelle du film de gangster français, parisien même, avec son lot de clichés et de passages obligés (les trafiquants de drogue à Sevran, la solidarité du clan, la famille avant tout, etc.).

Il faut cependant reconnaître à Julien Leclercq deux qualités : sa passion pour le cinéma d’action, qui transpire indéniablement tout au long du métrage, et son talent de metteur en scène, qui s’était déjà révélé avec « L’Assaut » (film sorti en 2011 relatant la libération par le GIGN des otages du vol 8969 d’Air France). De ce point de vue, « Braqueurs » est une réussite. Parfaitement cadencées et chorégraphiées, témoignant d’une gestion maîtrisée des corps, des objets et des lieux, les scènes de braquage ou de rixes armées atteignent une virtuosité rarement égalée dans le cinéma policier français. Elles relèvent incontestablement le niveau du film, le parant d’une élégance sèche qui viendrait presque compenser l’insipidité du récit. Même les plus réfractaires aux « gros guns » et aux carambolages de voitures (de ce point de vue, Julien Leclercq n’y est pas allé avec le dos de la cuillère) pourraient bien se laisser embarquer. Espérons donc que les prochains projets de Julien Leclercq ne perdent rien de cet enthousiasme qui fait clairement plaisir à voir, et qu’ils soient mûs par des scénarii plus exigeants.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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