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REAL

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Les méandres de l'inconscient pour soigner les blessures secrètes

Après deux œuvres bien ancrées dans le réel, ("Shokuzai" et "Tokyo Sonata") Kiyoshi Kurosawa renoue avec le fantastique avec ce nouveau film qu'il a malicieusement baptisé "Real". On retrouve la patte du réalisateur japonais dès les premières images. Comme à l'accoutumée il y plane une atmosphère envoutante empreinte d'un omniprésent mystère. Étant donné que l'histoire implique des voyages successifs dans le subconscient de ses deux personnages, le style fantasmagorique de Kurosawa y est résolument congru.

Dans un futur plus ou moins proche, il a été développé une technique permettant de parcourir l'inconscient. Atsumi est une dessinatrice de manga renommée qui, suite à une tentative de suicide, est plongée dans le coma. Son compagnon, Koishi, attend son réveil depuis un an. Afin de l'aider à reprendre conscience, les médecins l'incitent à tenter une communication grâce à cette nouvelle technologie. Koishi va successivement tenter de ramener le subconscient d'Atsumi, plongé dans la conception de ses mangas, à la raison. Ces voyages rappelleront certainement "Inception" ou encore "Paprika", mais le style de Kurosawa évoque plus le Cronenberg des années 90. Malgré l'incrustation réussie en fin de film, il y a quelque-chose de désuet mais de travaillé dans la représentation de cette histoire de fantômes futuristique.

Ceux qui connaissent le réalisateur ne seront pas surpris des quelques rebondissements venant ponctuer le récit. Une fois de plus, c'est en déterrant un profond sentiment de culpabilité que les protagonistes se délivreront de leur démons. Fantômes du passé et du présent se côtoient pour le meilleur et pour le pire. Car si certains partis-pris déploient élégance et poésie, d'autres en revanche frisent le grotesque, comme les apparitions des corps mutilés issus du manga d'Atsumi. Mais c'est surtout par le rythme que "Real" pêche. Les voyages dans le subconscient se succèdent et se répètent tout comme ces traditionnelles séances de squash suivie d'un débriefe avec la curieuse Dr Eiko. Kurosawa brouille les pistes dans ce récit touffu mais trop long pour grader en haleine malgré des retournements de situation très bien menés.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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