JOSÉPHINE
Au même prix, la BD se conserve !
Réalisé par Agnès Obadia, "Joséphine" se veut l’adaptation de la bande-dessinée éponyme créée par Pénélope Bagieu. Tout au long de cette comédie romantico-comique, le personnage de Joséphine, interprété par Marilou Berry rappelle par trop d’aspects le personnage de Bridget Jones. Similitude des caractères et des attitudes : complexe sur le physique, tendance à abuser de la nourriture fat, à se lâcher sur l’alcool, etc. Mais aussi, similitude des situations : on retrouve une scène de bal costumé dans lequel l’héroïne s’introduit, masquée par un museau sur le nez, mais sans le pompon sur les fesses ; ou encore, la course poursuite dans la rue, pour rattraper l’homme qu’elle aime, avec la pénombre mais sans la neige. Trop de points communs pour ne pas être un clin d’œil.
D’emblée, le spectateur sait qu’il va suivre une histoire à l’eau de rose et cousue de fil blanc (le personnage du patron/colocataire est tellement parfait qu’on ne peut douter de l’issue finale). Surtout qu’aux images s’ajoute régulièrement la voix-off de Joséphine qui, régulièrement, nous explique où en est l’histoire, voire même quel sentiment l’on doit ressentir. Etait-ce un effet « bulle » narrative de bande-dessinée qui a influencé le réalisateur au point de nous surexpliquer le scénario ? Ou encore en utilisant quelques effets de style cinématographiques convenus : introduction de la bande de copains, filmée en ralenti à la John Woo, qui ridiculise les personnages en leur donnant une envergure qu’ils n’ont pas (à moins que cela ne soit du second voire troisième degré); enfin, gros plan de Joséphine sur son canapé, l’image soudain qui fuit d’un mouvement rapide comme si le personnage chutait, un coup en haut, en bas, à droite… message mystérieux traduisant l’hésitation du chemin à suivre pour sortir de cette impasse ? À chacun son interprétation.
Bref, soit il faut savoir lire entre les lignes (ou plutôt, voir entre les images, donc), ou être un as du « n-ième » degré, soit le film de Agnès Obadia est un tissu de clichés, de personnages et de situations convenus ou déjà vus, aux effets comiques éculés. Car, au ton donné par l’affiche, par la bande-annonce et par la teinte vocalique si « balaskienne » du personnage central, on s’attend à rire, à s’entendre des répliques qu’on réutilisera à l’occasion, à être surpris par un comique de situation grossier, même énorme, tellement énorme que l’on y adhèrerait sans sourciller. Mais voilà, "Joséphine" raconte avant tout une frustration, celle des célibataires des grandes métropoles, comme condamnés à la solitude, dont la vie est centrée sur le travail, et la constante recherche de la compagnie des autres… Pas de quoi rire.
Du coup, on regrette qu’elle ne l’ait pas pris, cet avion ! Plutôt que de la voir réduite à se saouler, seule, pitoyable, enfermée dans une cabine d’une Grande Roue sur Dieu sait quelle place de Paris, on se régalait déjà de contempler Joséphine, assumant son string sur Copacabana, une caipirinha à la bouche, sifflée par des garçons musclés, ouverte au nouveau. Quitte à retitrer le film "Josefinha".
Marc MunderEnvoyer un message au rédacteur