MARLEY
Rastaman, nouveau super héros
Avant d’être cette icône que tout le monde connaît ou presque, Bob Marley était un homme comme les autres, ou presque ! Ce film est une biographie mise en image sous la forme d’un documentaire et réalisée avec l’appui de la famille. Une dizaine de proches témoignent donc sur la vie, les amours et les emmerdes de Robert alias Bob Marley. Si les images contemporaines sont d’une beauté à couper le souffle, si les intervenants ont été soigneusement choisis (la mère, les femmes, les membres des Wailers, ses enfants…), si les archives retracent à l’année près la carrière de ce prodige du rythme, on n’en reste pas moins sur notre faim… Que manque-t-il à ce documentaire si joliment tourné, presque façon carte postale ou album de photo de famille ? Déjà l’empreinte du vrai Bob, sa personnalité, un peu de son âme qu’auraient certainement apporté plusieurs témoignages d’archives du reggaeman en personne et se racontant un peu. Malheureusement, on ne l’entend que dans une ou deux interviews.
Pourtant Bob est bien présent. Son physique est bien là. Et quel charisme ! Pour les plus jeunes qui ne l’ont pas bien connu, on comprend alors immédiatement pourquoi il a autant attiré l’attention sur lui, comment il a pu faire autant tourner la tête à des millions de fans. Un spliff à la main, le torse nu, la peau nacrée couleur café, sa chevelure de dreadlocks et son regard profond, on reste pendu à ses lèvres et on boit ses paroles ! Le mythe naît devant nos yeux ébahis ! Mais quels regrets de ne pas avoir plus de commentaires de sa part. Son discours manque. N’y a-t-il pas plus de reportages à travers le monde où des journalistes auraient pu s’entretenir avec lui ? Le film ne le dit pas et se concentre sur les hommages rendus par ses proches, qu’ils soient du côté de sa famille, de ses amis ou de celui des maisons de disque.
Autre regret, l’impact qu’il a eu à son époque et sur les générations suivantes est mal rendu. Le générique de fin envoie des images de jeunes de différents pays où la culture Marley a eu une empreinte forte, mais plus que sa musique c’est son message de paix et de tolérance qui aurait pu être analysé. On n’en ressort pas, en outre, avec le sentiment d’avoir appris beaucoup sur l’homme, ses chansons, ses états d’âmes… si ce n’est sa difficile relation paternelle (un blanc, absent, à qui il en veut profondément), sa timidité exacerbée et la dizaine d’enfants qu’il a eu avec les sept compagnes de sa vie (parfois simultanées !) Heureusement, le docu réussit merveilleusement à rendre toute la palette d’émotions que sa vie a pu exprimer. De la joie, sur scène, à la peur, lors d’une tentative d’assassinat, jusqu’à la douleur (la maladie qui l’emportera). « Marley » ne sera donc peut-être pas le film ultime sur la légende de Bob mais il apporte un regard riche et intéressant sur l’existence de cet homme simplement amoureux de la vie, aux valeurs pacifiques et de tolérance.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur