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WARRIOR

Un film de Gavin O'Connor

Zéro blabla, beaucoup de tracas : le M.M.A.

Tommy revient voir son père, un ancien boxeur alcoolique, après plusieurs années d’exil à s’occuper de sa défunte mère. Ayant quitté le corps des Marines, il veut renouer avec son passé de lutteur et s’inscrire au plus grand tournoi de M.M.A. jamais organisé. Son frère Brendan, qui lui aussi a coupé les ponts avec la famille, n’arrive pas à joindre les deux bouts et décide à son tour de renouer avec le sport de combat le plus violent.

Note : Un glossaire expliquant les différents sigles utilisés dans la critique est disponible en bas de page.

Avec sa popularité montante depuis ces dix dernières années, le M.M.A. allait forcément débouler sur nos écrans et ce de façon beaucoup plus réaliste que ce que l’on connaissait déjà avec « Bloodsport » (1988 – le 1er JCVD) ou encore sa représentation comique dans quelques épisodes de « Friends » (John Favreau en fighter ahahaha, et pourquoi pas en réalisateur tant qu’on y est).

Gavin O’Connor livre ici un film aussi sensible que ses combattants sont brutaux, et s’applique à développer l’histoire de ces hommes vivant pour le combat, que ce soit sur le parking d’une boite de nuit pour une poignée de dollars ou sur les rings des casinos pour quelques millions de dollars de plus. Ces gladiateurs des temps nouveaux sont avant tout des sportifs et ceci, O’Connor ne l’oublie jamais.

L’histoire de cette famille déchirée n’est pas de tout repos. Tommy (Hardy) et sa mère ont du fuir leur père (Nolte) et perdre de vue Brendan (Edgerton). Ancien Marines au passé mystérieux, Tommy réapparait mais n’en pardonne pas autant à sa famille. Empli de démons intérieurs, il ne semble pas là pour recoller les morceaux, mais plutôt pour mettre en pièce ceux qui s’opposeront à lui sur le chemin de la victoire. Car Tommy est un combattant depuis sa plus tendre enfance, et il sait que sa chance de victoire passera par une collaboration avec celui qu’il sait être le meilleur préparateur, mais qu’il hait en tant que géniteur.

De son côté, Brendan vit aussi avec ses fantômes. Combattant resté dans l’ombre de son frère lorsqu’ils étaient adolescents, il n’arrive pas à se sortir de la réalité. Croulant sous les dettes, le combat devient également sa seule issue. Cette première partie est cruciale pour la suite, car si le thème principal reste l’ascension de combattants nous renvoyant au rêve américain dans toute sa splendeur, il ne faut pas oublier que c’est ce même rêve américain qui, en s’écroulant sous leurs pieds, les à pousser à prendre cette décision. Echappés d’un foyer alcoolique (probablement dû à l’ombre de la défaite paternelle) pour les deux, victime du conflit irakien pour l’un et du système économique pour l’autre, si ces deux frères cherchent à accéder à la lumière, c’est qu’ils ne font que vivre dans l’obscurité quotidienne et malheureusement tellement commune. C’est de là qu’ils vont tirer leur rage, car il est difficile d’arrêter quelqu’un qui n’a rien à perdre et tout à gagner. C’est ce qui fait la force de « Warrior ».

Mais le film possède une double lecture. Car l’ascension vers une certaine gloire, la revanche sur la vie à travers le rêve américain ne peuvent se faire sans que le spectateur ne pense à « Rocky ». O’Connor le sait et crève l’abcès dès la première minute de Tommy dans une salle de sport, désireux de monter sur le ring pour prouver sa valeur. Le « Alors Rock’, t’as oublié Polly et Mickey » (respectivement beau-frère et coach de Rocky) que lui lance son adversaire n’est pas anodin. La où O’Connor réussit à prendre le spectateur à contre-pied, c’est que « Warrior » peut être vu comme une relecture de toute l’histoire du célèbre « étalon italien ». Tout comme Rocky, nos deux frères viennent d’un milieu modeste et n’ont pour ambition que de gagner non pas pour briller, mais pour survivre et prouver leur existence. Leur père, Paddy, est une relecture du personnage de Mickey. O’Connor va même pousser la comparaison avec une scène dans laquelle les deux frères vont s’entrainer chacun de leur côté, l’un à la dur avec son père (on le voit soulever des roues de camion…), l’autre possédant tous les moyens actuels, comme l’utilisation de le musique classique (la Neuvième de Beethoven) pour canaliser son énergie. Il en est de même pour le choix des combattants, Brendan devant affronter le champion invaincu de Russie.

Mais O’Connor n’aurait pas pu s’en sortir sans que l’on adhère à ses personnages dès leur première apparition. Tom Hardy est un monstre de muscles et de fêlures intérieures, une bombe à retardement qui n’attend que d’être sur un ring pour exploser au visage de ses adversaires. Nick Nolte est troublant dans ce rôle de père en quête de rédemption.

« Warrior » n’est pas exempt de défauts (certains personnages secondaires sont inutiles) mais malgré une issue assez convenue, c’est l’ascension vers la lumière qu’il faut retenir. Car même si tous les coups sont permis, le plus difficile à encaisser et à placer reste le pardon.

M.M.A. : Mixed Martial Arts – Sport de combats autorisant tous les arts martiaux existants où (presque) tous les coups sont permis. Pratiqué encore illégalement dans certains états des USA, c’est devenu le sport de combat le plus populaire au monde après la boxe. Sa ligue la plus connue aux Etats-Unis est l’U.F.C. (Pour Ultimate Fighting Championship).

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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