UN JOUR
Two Lovers who are lost in translation
Dexter et Emma sont deux jeunes étudiants fraîchement diplômés, libres maintenant de se lancer à la poursuite de leurs rêves. Le premier souhaite vive la grande vie, voyager et profiter, tout en baignant dans l’insouciance ; la seconde, plus réservée, flirtant avec le bohème, aspire à devenir écrivain et à s’installer dans un Montmartre londonien. Tout semble les opposer, même jusqu’au soir de leur remise de diplôme où, un flirt, un entrelacement furtif, va donner naissance à une grande aventure amoureuse…
Amis de la poésie et de l’amour, vous frappez à la bonne porte. Lone Scherfig vous accueille le cœur grand ouvert, la sincérité et le réalisme en prime. « Un jour », vous aspire tout entier dans ses tours et ses détours, ceux de deux êtres en quête de l’accomplissement amoureux sans jamais savoir comment s’y prendre mais sans jamais vraiment pouvoir s’y méprendre.
D’un point de vue scénaristique, « Un jour » nous fait voyager à travers vingt années, ce qui impose logiquement des contraintes de vieillissement (ou de rajeunissement) des personnages. Ces dernières ont été brillamment levées, laissant place à des Anne Hathaway ou des Jim Sturgess évolutifs et parfaitement en adéquation avec leur époque : bref un travail esthétique remarquable !
Ce qui nous amène aux personnages eux-mêmes et aux très bonnes interprétations des deux acteurs. Hathaway passe avec brio de la petite coincée première de la classe, à la jeune parisienne modèle façon Amélie Poulain. Alors que Sturgess, n’étant peut-être pas convaincant à toutes les époques du récit, reste tout de même touchant. Le jeu d’acteur est un autre gros atout de cette production : crédible, spontané, honnête et maladroit, le spectateur a ainsi la quasi-certitude de ne jamais tomber dans le cliché ou le déjà vu (ce qui pourtant semblait quasi-inévitable au vu de la quantité de films réalisés depuis des décennies sur le thème de l’amour). « Un jour » avait donc bien son mot à dire, sa version des faits de l’amour et des amoureux à transmettre.
La force de ce long métrage réside également dans la qualité des dialogues : sans concessions, ces derniers sont fluides, percutants. Nous faisant tantôt rire, tantôt sourire ils nous rappelleront sans doute certains vécus.
Finalement, « Un jour » se veut être doté d’une morale, mais sans jamais paraître moralisateur. Une belle leçon d’amour et de vie qui fait réfléchir, signifiant ainsi que Lone Scherfig a réussi son œuvre. Cette dernière attire et maintient l’attention à travers son originalité et l'apparence simple et spontanée de sa mise en scène (Scherfig a du être marquée par le mouvement Dogme 95 sans doute). On en redemande !
Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur