MAY
Frankenstein brillamment revu et corrigé
May est une jeune femme réservée et complexée, qui a toujours eu du mal à se faire des amis. Depuis toute petite, elle a pour seul compagnon, une poupée aux grands yeux inquiétants, qu’elle garde sous verre. Attirée par un charmant mécanicien, elle finit par faire sa connaissance…
Ce deuxième film de Lucky Mc Kee (All cheerleaders die - Toutes les pom pom girls meurent ou doivent mourir) est à la fois brillant d'un point de vue formel et d'un point vu dialectique. Si on avait peur de voir la poupée se la jouer chucky, on est agréablement surpris que les scénaristes aient préféré rester dans le réaliste, ou tout au moins dans le domaine du possible.
Composant intelligemment autour du thème de l'attirance vers l'étrange (tous les personnages ou les amants de May disent au départ 'aimer ce qui est bizarre'), le scénario montre aisément les limites relatives de la 'normalité'. Saluons également l'interprétation toute en finesse et sensibilité de Angela Bettis, découverte aussi inquiétante qu'innocente de ce film. Elle intègre presque naturellement l'absence de limites du personnage, dont on vous laissera libre de découvrir les dérives et excès.
Son personnage devrait marquer les esprits, car questionnant la nature de chacun, et le propre rapport du spectateur à ses désirs, à son côté 'freak' ou étrange, et à sa relation à l'autre. Une brillante démonstration de la solitude et de la condition humaine, que l'héroïne, à bout de patience, va tenter de corriger par elle-même. Heureusement, tout le monde n'en fait pas de même. L'un des meilleurs films de Gérardmer 2003, primé par le Jury des lecteurs de Première.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur