DINA
Une grande fresque excessive, aux images sublimes
A la vision de Dina, il est difficile de ne pas avoir l'impression d'un récit un peu précipité, le format d'un film de pourtant 2h00 semblant bien restreint pour couvrir la richesse du roman scandinave culte dont est issu le film. En effet, il semble ça et là manquer une transition, une explication, ou simplement quelques secondes d'un développement pourtant nécessaire.
Au cœur de cette tragédie familiale, et communautaire, le personnage de la jeune et fougueuse Dina, captivant de par ses tourments, liés à la peur de l'abandon, et à son besoin d'être emplie de la présence (et accessoirement du sexe) des autres, est porté par une nouvelle venue, Maria Bonneville. Confirmant un réel talent, et une impressionnante propension à une certaine bestialité un rien brutale, l'actrice finit cependant par agacer par des mimiques parfois exagérées, accompagnées d'un regard exorbité quasi permanent.
Si les démons intérieurs de la jeune fille méritent d'être perceptibles, ils n'ont peut-être pas besoin d'être si évidemment mis en avant. Autour d'elle, évoluent, un mari faible et vieillissant (Depardieu), un ami d'enfance devenu simple objet sexuel, un père tourmenté et haineux, un possible anarchiste roublard et voleur, un beau frère violeur et un précepteur forcément image de la douceur.
Tout n'est donc ici qu'excès et tourment, alternance de chaleur et vide, à l'image de la photo du film, et des décors, tantôt chaleureux, tantôt glacials, tels les paysages désertiques inondés de neige. L'esthétique est en tout cas le seul élément incontestablement réussit du film, avec pour meilleur exemple, la scène où le père met le feu au lavoir où est morte sa femme. Celui-ci, prenant saisi quasiment instantanément par les flammes, dégage une fumée noir, qui emplit le ciel, tel un mauvais présage, un signe de la violence qui se déchaînera par la suite.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur