INTERVIEW
GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE ! (LES)
Un film tiré d’une pièce de théâtre
Entre la pièce de théâtre et le film il y aura eu 5 ans. Guillaume Gallienne revient sur les quelques différences entre le travail de théâtre et celui de cinéma. À l’époque de la pièce, il jouait tous les personnages, mais il regrettait de …
Un film tiré d'une pièce de théâtre
Entre la pièce de théâtre et le film il y aura eu 5 ans. Guillaume Gallienne revient sur les quelques différences entre le travail de théâtre et celui de cinéma. À l'époque de la pièce, il jouait tous les personnages, mais il regrettait de « n'avoir pas le temps de tous les défendre ». Dans la pièce, « le père n'était qu'une montagne de reproches », alors que dans le film l'acteur (André Marcon) a pu le défendre. Il a simplement « un OVNI devant lui ». En interprétant tous les personnages, il regrettait aussi de ne pas avoir « le temps de jouer les non-réactions de Guillaume ». Dans le fond il exprime le fait qu'il « n'aime pas jouer seul », même si il avoue qu'au cinéma, il faut être habile et précis, et que l'on voit tous ses défauts. La performance d'acteur n'en est cependant pas moindre, et il a du déployer le même fin travail sur sa voix.
Concernant l'acteur et ses personnages
Le film lui apparaît comme « plus gonflé » que la pièce. Il « raconte la naissance d'un acteur » à une époque qui banalise ce fait, où tout le monde pense pouvoir jouer. Pour lui, « un acteur n'imite pas, il incarne ». L'émotion « vibre en lui, le corps se meut autrement, la voix se place ailleurs ». L'acteur va quelque part « enquêter sur l'intérieur d'un personnage ». En tant qu'auteur, il participe aussi de ce travail. Par exemple, dans son enfance, l'intendante de Sissi l'impératrice lui faisait « physiquement penser à sa mère ». C'était une femme d'autorité et de devoir, qui finalement était « victime du devoir ». Selon lui lorsqu'il met ce rôle, on oublie très vite que c'est lui. « Le personnage est plus fort que le travestissement ».
Sur le passage à la réalisation
Au travers des personnages, il lui « fallait faire goûter au spectateur l'économie du signe ». Avec un simple léger virage, on devient quelqu'un d'autre, ce qui n'est pas évident à capter au cinéma. Il lui fallait donc bien traiter l'image, en travaillant sur l'évolution. Les parties théâtres apparaissent filmées comme un documentaire. Au début du film, la bourgeoisie est filmée en plan fixe, de manière très théâtrale, puis peu à peu les décors se simplifient, s'épurent, au fur et à mesure que le personnage grandit. De même on peut noter une évolution dans les couleurs, mais aussi entre des personnages en positions horizontales, passant à des positions verticales. Mais selon lui, « le plus long a été de doser au montage, les parties théâtre, ainsi que la présence de la voix-off ». Il a fallu gérer les transitions. Un simple cut aurait été choquant, et il fallait donc trouver les moments où cela était le plus harmonieux.
Du mélange entre comique et émotion
La compositrice du film devait très souvent suivre son personnage, mais s'il jouait une émotion, « il ne fallait pas le souligner ». Il souhaitait qu'elle rajoute juste une touche de lyrisme, quelque chose de « Nos plus belles années » (Just the way we were), même si on pense toujours que c'est quelque chose de très chargé. Globalement il souhaitait un ton de « feel good movie », mais il avoue s'être bien amusé en jouant dans sa mise en scène avec certains clichés du cinéma de genre, comme on avait essayé de l'enfermer lui dans certains clichés. Le passage en Espagne ressemble ainsi volontairement « à un film d'Almodovar ». Il y a même « une figurante qui a été choisie parce qu'elle ressemble à Rossi De Palma ». De même, le passage en Angleterre lorgne vers le film à la James Ivory. Des références lisibles, dans un film haut en couleurs.
Propos recueillis par Olivier Bachelard
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