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INTERVIEW

SKYLAB (LE)

Journaliste :
Peut-on voir en « Le Skylab » un film purement nostalgique ?

Julie Delpy :
Je ne suis pas quelqu’un de nostalgique. Il s’agissait plus de décrire un moment de vie. J’ai voulu que ce soit un film très gai, joyeux, pas un film qui se morfonde sur le passé en disan…

© Mars Distribution

Journaliste :
Peut-on voir en « Le Skylab » un film purement nostalgique ?

Julie Delpy :
Je ne suis pas quelqu'un de nostalgique. Il s'agissait plus de décrire un moment de vie. J'ai voulu que ce soit un film très gai, joyeux, pas un film qui se morfonde sur le passé en disant « c'était le bon vieux temps »...

Journaliste :
C'est une famille très libre qui est décrite dans le film...

Julie Delpy :
J'ai été élevée de manière très libre. Même si une partie de ma famille est plutôt réac...

Journaliste :
Il y a dans le film une évocation de mai 68. Mais il y a autre chose derrière...

Julie Delpy :
Ca se passe en 1979, 10 ans après. La révolution sexuelle est aussi passée depuis des années... Le résultat est que certaines femmes se sont libérées, comme mon personnage, alors que d'autres restent femmes au foyer, comme le personnage d'Aure, qui est toute dédiée à son mari. Il y a deux courants : les femmes restées comme dans les années 50, et les autres, plus influencées par les mouvements féministes, les soixante-huitards... Et puis nous sommes dans un moment spécial, « l'avant la gauche », avec l'espoir utopique d'un monde meilleur, plus libre...

Journaliste :
Éric Elmosnino joue le rôle d'un homme ayant vécu mai 68. Quels sont pour vous les apports de mai 68 dans le domaine de l'éducation familiale ?

Éric Elmosnino :
J'avais 4 ans à l'époque. Je n'ai pas vraiment travaillé là-dessus pour faire ce personnage.

Julie Delpy :
Il y a des gens qui sont devenus ouverts, d'autres qui sont restés dans le traditionnel, élevant leurs enfants à l'ancienne... Les personnages de Jeannot et Anna sont inspirés par mes parents. Ils m'ont tout montré, rien caché, au niveau artistique notamment... et voilà le résultat ! (rires)

Journaliste :
Il y a dans « Le Skylab » une manière de raconter les choses, avec des éléments autobiographiques. C'est comme si c'était un membre de la famille qui tournait tout cela... Malgré mai 68, vous soutenez la famille...

Julie Delpy :
Mai 68 a charrié une idée d'une famille éclatée. J'éprouve de l'amour pour ma famille, du respect, même si politiquement je ne suis pas du coup d'accord avec une partie... Ma grand-mère, très puissante, a su garder la famille réunie. Dans le film, j'ai essayé de faire qu'il n'y ait pas de frontière entre l'écran et le spectateur. C'était l'idée d'être toujours avec eux, d'avoir l'impression d'être à la table parmi eux. C'est quelque chose qui, quelque part, me manquait... je devais y être avec eux.

Journaliste :
Tourner ce film a du être d'une grande difficulté. Dans beaucoup de plans, il y a plus de 10 acteurs, avec des enfants. Comment avez-vous tourné cela ?

Julie Delpy :
On a mis en place une logistique toute simple, basée sur la disponibilité des acteurs. Pour les scènes où on était tous ensemble, les acteurs n'arrêtaient jamais d'être leur personnage, même quand ils sont de loin, en flou. Même au troisième plan, ils sont le personnage. La réussite du film, je la dois aux acteurs.

Aure Atika :
Avec le dispositif mis en place par Julie, on ne savait pas exactement quand on allait être filmé. La caméra bougeait tout le temps. Et nous avions une liberté de mouvement sur le plateau.

Éric Elmosnino :
Le miracle du film, c'est la légèreté que Julie arrive à imprimer, cette sensation de capture « sur le moment ». On a passé beaucoup de temps à table... on a beaucoup mangé froid (rires). C'est beaucoup de temps investi, pour que ça paraisse léger au final.

Julie Delpy :
Avec les enfants, il a fallu deux coachs à plein temps. C'est difficile avec les enfants : soit ils sont formidables, soit c'est catastrophique !

Journaliste :
Quand avez vous décidé que vous seriez dans le film ? A moins que vous n’ayiez écrit ce personnage pour vous ?

Julie Delpy :
Pour celui-là, comme c'était inspiré de ma mère, je voulais le jouer... Elle est morte un an et demi avant de tourner le film.

Journaliste :
De manière spontanée, hier, beaucoup ont parlé de prix du scénario (la conférence de presse a lieu dans le cadre du Festival de San Sebastian, au Pays basque espagnol). Comment s'est passée l'écriture ?

Julie Delpy (propos résumés) :
Il y a dans le film une partie réelle et une partie fiction. J'avais écrit une quarantaine de pages. Je l'avais mis de côté (faute de financements), alors que j'allais tourner « 2 days in Paris » et « La Comtesse »… Puis j'ai rencontré Michael Gentile, qui pensait qu'on pourrait le produire, trouver de l'argent. On discutait. Ca m’a amenée par exemple à rajouter la scène de la plage en Bretagne. Le film est finalement très proche du scénario, même si j'ai tourné des moments improvisés.

Journaliste :
Comment s'est passé le casting des enfants ?

Julie Delpy :
On a fait un casting enfant très important, à Paris et en Bretagne. Pour le rôle d'Albertine, c'est finalement la fille de l'ami du directeur de casting qui m'a tout de suite tapé dans l’œil. Elle devait être moi jeune, donc un peu ingérable...

Journaliste :
Pouvez-vous nous expliquer le début dans le TGV, qu'on retrouve à la fin... et le fait que le personnage de Karin Viard s'acharne à regrouper sa famille ?

Julie Delpy :
C'est le fait qu'elle soit séparée de sa famille, qui fait qu'elle peut avoir ce souvenir. Ça peut paraître un peu cul-cul, peut-être... Quelque part la famille ça m'emmerde, et en même temps j’adore quand les gens sont réunis... Quand les gens sont séparés, je trouve cela un peu triste.

Journaliste :
Pourquoi avoir choisi le Skylab pour incarner une menace pour la famille ?

Julie Delpy :
J'aime beaucoup la science... Il représente en effet une épée de Damoclès sur la famille, mais aussi les peurs de l'enfance, une peur qui n'est pas justifiée. Les vrais événements se passent sur terre, même si ce sont des détails en apparence...

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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