INTERVIEW
EVEREST
Baltasar Kormákur
Deux jours après la première mondiale à Venise, le réalisateur Baltasar Kormákur, l’acteur Jason Clarke et le producteur Tim Bevan étaient à Deauville pour présenter « Everest », qui ouvrait également la 41e édition du festival du film américain. L’occasion pour eux de se soumettre aux q…
Deux jours après la première mondiale à Venise, le réalisateur Baltasar Kormákur, l'acteur Jason Clarke et le producteur Tim Bevan étaient à Deauville pour présenter "Everest", qui ouvrait également la 41e édition du festival du film américain. L'occasion pour eux de se soumettre aux questions de la presse. Voici le compte-rendu de la conférence.
Pourquoi Baltasar Kormákur?
Après avoir terminé "Survivre", Baltasar Kormákur s'est vu contacté par Tim et Nicky qui souhaitaient lui soumettre le projet du film "Everest" vu ce qu'il avait réussi à faire avec le survival "Survire" mais aussi "Contrebande". Les producteurs savaient qu'après ces films il avait la carrière nécessaire et sa connaissance des grands espaces de par ses origines mais surtout sa capacité à mêler un aspect auteur à des productions plus gros budget. Tout cela faisait de Kormákur un candidat idéal pour la réalisation du projet.
Le réalisateur islandais, pour sa part, a tout de suite été captivé par le script qu'il trouvait exempt de toutes fioritures hollywoodiennes communes à ce genre de productions. Comme il s'agissait d'une histoire vraie, son challenge était de ne pas dénaturer le caractère réel de l'histoire ou de rajouter un coté manichéen, tout en conservant de côté épique du script.
La préparation et la rencontre avec les proches de Rob Hall
L'histoire étant celle de véritables personnes, des Néo-zélandais, Baltasar, Jason et Tim ont passé quelques mois en Nouvelle-Zélande auprès des parents de ceux qui sont décédés au cours de l'expédition : Jan hall, la femme de Rob, Sarah, sa fille, Helen Wilton, la responsable du camp jouée par Emily Watson, Caroline MacKenzie, le docteur et Guy Cotter (respectivement interprétés par Elizabeth Debicki et Sam Worthington dans le film).
En plus d'avoir pu leur parler et recueillir leurs témoignages sur l'incident, ces derniers ont mis à disposition des enregistrements des communications radios réalisés le jour du drame et qui n'avaient jamais été rendues publiques jusqu'alors. C'était très émouvant car Jan ou Helen n'avaient jamais réécouté ces enregistrements depuis plus de dix-huit ans. Il y avait cet enregistrement démarrant au premier appel de détresse lorsque Doug s'effondre jusqu'au dernier souffle de Rob. C'était un moment très intime mais aussi très informatif car ces bandes leur permettaient d'analyser les paroles échangés et construire les personnages plus en profondeur. Pour le réalisateur, cette source était inestimable et apportait beaucoup plus que n'importe quel livre, article ou témoignage sur l'événement.
A partir de ce moment, il était clair pour les producteurs et le réalisateur de traiter ces personnages de manière juste mais également critique sur les décisions qui ont été prises au cours de l'expédition et qui ont en partie contribué au drame qui a suivi même si, parfois, ce sont des erreurs commises par compassion. Et lorsque Tim Bevan est allé montrer le film terminé aux proches, la femme et la fille de Rob ont fait le cadeau de venir à Venise pour la première et de pouvoir présenter le film en leur présence. Le réalisateur est par ailleurs très reconnaissant envers eux qui n'ont jamais posé de condition à leur participation ou mis de pression pour présenter les faits d'une manière ou d'une autre.
Jason Clarke à propos de la préparation et de l'alpinisme
Après avoir entendu ces enregistrements, Jason Clarke voulait être à la hauteur physique et mentale de Rob Hal. Il s'est donc entrainé sur les montagnes d'Ecosse, des Alpes ou de l'Himalaya pour se frotter aux conditions climatiques similaires à l'ascension de l'Everest avec Guy Cotter qui était d'ailleurs le partenaire de Rob. Suite à cette expérience, Jason reconnait qu'il aurait envie de grimper à nouveau. Il fait référence à un moment dans le film où le journaliste pose la question du "pourquoi se confronter à tant de danger? Pourquoi relever un tel défi?" qui est la question récurrente pour ce genre de tentative. Pour lui, lorsque l'on voit l'immensité de ces montagnes, il faut y aller, c'est une évidence. La question ne se pose même pas. Il se rappelle qu'en 2001, après sa formation d'acteur, il est parti, sac à dos, au Népal et à Katmandou qui sont des endroits extraordinaires qu'on ne peut voir nulle part ailleurs et qui attire l'homme.
Alexandre Romanazzi Envoyer un message au rédacteur