INTERVIEW
TOUT EST PARDONNE
Mia Hansen-Love a seulement 26 ans. Quand on la voit, avec son air d’adolescente et son style jean-Converse, on a du mal à l’imaginer réaliser le très beau « Tout est pardonné » sorti dans 42 salles en France.
Abus de ciné :
Votre film révèle une certaine maturité, et pourtant …
Mia Hansen-Love a seulement 26 ans. Quand on la voit, avec son air d'adolescente et son style jean-Converse, on a du mal à l'imaginer réaliser le très beau « Tout est pardonné » sorti dans 42 salles en France.
Abus de ciné :
Votre film révèle une certaine maturité, et pourtant vous êtes jeune ! Où avez-vous appris à faire du cinéma ?
Mia Hansen-Love :
En fait je n'ai pas étudié le cinéma. J'étais plutôt rédactrice aux Cahiers du cinéma. J'ai aussi fait un peu l'actrice avec Olivier Assayas sur Fin août début septembre, puis dans les Destinées sentimentales. Puis j'ai eu envie de me mettre à la réalisation. J'ai réalisé quatre courts-métrages, dont trois autoproduits, puis j'ai rencontré lors d'un festival un réalisateur qui m'a donné ma chance et m'a permis de réaliser mon premier long métrage.
Abus de ciné :
La bonne rencontre au bon moment ?
M. H-L :
Oui, cette rencontre a été une révélation. J'ai conscience de ma chance.
Abus de ciné :
Vous êtes aussi l'auteur de votre film. D'où vient cette histoire ?
M. H-L :
Ce n'est pas un récit autobiographique, mais il s'inspire d'une histoire tragique dont j'ai été témoin quand j'étais enfant. Cela m'a suffisamment marquée pour que je décide d'en faire un scénario. J'avais alors 23 ans.
Abus de ciné :
Les acteurs sont incroyables. Où les avez-vous trouvés ?
M. H-L :
J'ai tenu à faire travailler des non-professionnels parce que je voulais qu'ils soient eux-mêmes, qu'ils ne cherchent pas à jouer des rôles de composition. J'ai découvert Constance (qui joue le rôle de Pamela adolescente) lors d'un casting sauvage, dans la rue. Elle m'a bouleversée parce qu'elle était sensible, émouvante.
Pour interpréter le rôle de Pamela enfant, je cherchais une petite fille française parlant couramment l'allemand. Je n'ai pas trouvé, jusqu'à ce que Constance me présente à sa petite sœur. Non seulement elle lui ressemblait, mais en plus elle ressemblait à l'actrice qui interprète sa mère à l'écran.
Abus de ciné :
Et Paul Blain ? Qu'est-ce qui vous a menée à lui ?
M. H-L :
Je l'ai rencontré lors d'une rétrospective sur son père (Gérard Blain, cinéaste français), qu'il présentait dans une salle parisienne. Le courant est passé. Il a pris des cours d'allemand pendant quelques mois pour assurer les répliques dans les quelques scènes en Autriche.
Abus de ciné :
Les scènes de drogue sont d'un réalisme troublant. Vous vous êtes documentée ?
M. H-L :
Les acteurs se piquaient vraiment, sans substance bien évidemment. Un infirmier était présent sur le plateau pour nous conseiller en permanence. J'ai aussi fréquenté des centres pour rencontrer des toxicos et des personnes qui s'en étaient sorties.
Abus de ciné :
Votre premier film bénéficie d'un bel accueil. Vous avez des projets ?
M. H-L :
J'ai écrit cet hiver le scénario d'un long-métrage que j'aimerais tourner l'été prochain.