Robin Wright
Une discrète maturité
Certains l'auront peut-être oublié, mais Robin Wright, née le 8 avril 1966 à Dallas, au Texas, a été révélée, après une courte carrière de mannequin, par une série télévisé, un soap plus exactement. Interprétant la riche fille de bonne famille Kelly Capwell dans « Santa Barbara » de 1984 à 1988, elle était alors l'objet de toutes les convoitises. Véritable objet de désir, elle va le rester par la suite, en Bouton d'or dans « Princess Bride » de Rob Reiner (1987), ou encore en amie complice mais inaccessible, dans Forrest Gump (1994).
Malgré le succès du film « Forrest Gump », loin de céder aux sirènes des rôles faciles dans de grosses machines hollywoodiennes, la belle s'oriente vers des portraits plus périlleux, choisissant d'incarner des femmes blessées ou distantes. Ainsi, en 2001, elle sera une femme battue dans « The Pledge », thriller éprouvant signé de son mari de l'époque, Sean Penn. Mais c'est surtout dans le film de Nick Cassavetes, « She's so lovely » (1997), que leur complicité envahit littéralement l'écran. Femme violentée qui a refait sa vie, elle y fait face au retour de son mari, interné en hôpital psychiatrique pendant presque dix ans, suite à une condamnation. La passion, devenue impossible, y transparaît dans chaque regard, valant à Sean Penn le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes.
Ces dernières années, ses rôles se sont faits plus sages, et Robin joue les épouses discrètes pour de grands noms de la mise en scène comme M. Night Shyamalan (« Incassable »), Anthony Minghella (« Par effraction ») ou Barry Levinson (« Panique à Hollywood »). Plus récemment, ses personnages semblent vouloir prendre leur envol, symboles de femmes souvent bafouées, longtemps réduites au rôle de faire-valoir de leur mari, mais prêtes à lâcher un quotidien ronronnant pour vivre une nouvelle vie. Il en est ainsi de la femme de sénateur qu'elle incarne dans le palpitant « Jeux de pouvoir » (sorti en juin 2009), qui se demande si elle a fait le bon choix entre celui qui est devenu son mari (Ben Affleck) et un vieil ami journaliste (Russel Crowe), passion rapidement évacuée à l'époque de l'université. Mais il est parfois bien utopique de rêve revenir en arrière.
Du coup, c'est avec un rôle magnifique de femme de producteur grabataire qu'elle semble prendre un nouvel envol. Interprétant le rôle titre de Pippa Lee (2009), elle fait preuve d'une liberté de ton inattendue, jouant les filles de l'air, et préparant son départ pour une autre vie. D'abord parfaitement soumise aux règles de vie établies par son mari, ses fantasmes (prenant les traits d'un Keanu Reeves énigmatique et rebel) vont finir par avoir raison de sa sagesse, d'autant plus que celui-ci aurait tendance à tomber amoureux de femmes plus jeunes. Espiègle sans en avoir l'air, elle vit déjà une autre vie en songe, lors de ses crises de somnambulisme, que la mise en scène mêle habilement à une réalité bien moins rose ou drôle. Mais aura-t-elle le courage d'en faire de même dans la vraie vie, de manière consciente ? Robin Wright montre ici qu'être une femme d'âge mûr ne signifie pas forcément se résigner à la sagesse et à l'ennui. Et qu'à 43 ans, tout est heureusement encore possible... surtout s'émanciper des influences néfastes.
Filmographie sélective
2011 : Le Stratège, de Bennet Miller
2011 : Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes, de David Fincher
2009 : Jeux de pouvoir, de Kevin Macdonald
2009 : Les Vies privées de Pippa Lee, de Rebecca Miller
2006 : Par effraction, d'Anthony Minghella
2005 : Nine lives, de Rodrigo Garcia
2004 : La Maison au bout du monde, de Michel Mayer
2003 : Laurier blanc, de Peter Kosminsky
2002 : The Pledge, de Sean Penn
2002 : Le Dernier Château, de Rod Lurie
2001 : Incassable, de M. Night Shyamalan
1999 : Une bouteille à la mer, de Luis Mandoki
1997 : She's So Lovely, de Nick Cassavetes
1995 : Crossing Guard, de Sean Penn
1994 : Forrest Gump, de Robert Zemeckis
1987 : Princess Bride, de Rob Reiner