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LA FIEVRE DE L'OR

Un film de Olivier Weber

Utile, mais loin de l'humain

A la Frontière de la Guyane française, du Surinam et du Brésil, subsiste une zone qu'on pourrait qualifier de non-droit où les chercheurs d'or défrichent la forêt et répandent du mercure en toute impunité. Un secteur, forcément dangereux...

D'emblée, Olivier Weber, grand reporter, donne du cadre et nous offre une jolie plongée dans la jungle amazonienne, à la rencontre des chercheurs d'or, et des saignées qu'ils produisent. D'interview en interview, il dépeint un monde sans règles, dont le mépris pour l'humain frappe au travers des mots, et l'ampleur géographe frappe au travers des images. La vitesse à laquelle une nouvelle « mine » à ciel ouvert peut être créée et abandonnée est de ce point de vu, édifiante. Villes qui se déplacent aux fils des recherches, filons que l'on tente de cacher aux autres, règlements de comptes, on découvre un monde à part, aussi fermé que revendicatif d'un certain mode de vie.

Pourtant, au fil du film, on ressent un certain manque de proximité avec les personnes rencontrées. Et surtout on est assez déçu que les relations avec les milieux économiques (notamment européens), et plus généralement le marché de l'or, soient quasiment passées sous silence ou bien peu explicitées. Si l'on peut comprendre le parti du réalisateur de ne pas sortir du monde qu'il infiltre, on est cependant étonné qu'il choisisse de ne rien montrer des conséquences physiques du mercure (pollution de l'eau, malformations), pourtant décrites à maintes reprises. En cela, le film apparaît bien peu pédagogique et on choisira d'en retenir au final quelques phrases très justes traduisant l'immense cupidité qui se dégage de tout cela, comme celle du pêcheur, ancien chercheur d'or, conscient que l'homme « prépare sa propre destruction ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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