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LES BOIS DONT LES RÊVES SONT FAITS

Un film de Claire Simon

Du bois, partout et nulle part à la fois…

Le bois est partout, toujours là pour nous rappeler qu’il y a autre chose que des immeubles et des bruits urbains. Et dans ce monde naturel supposément éteint, beaucoup d’individus s’agitent et beaucoup de choses se passent…

S’évader de la ville et retrouver la nature, la vraie, ce bois qui nous fait oublier le brouhaha urbain, la grisaille du quotidien et les sujets de société : voilà ce que Claire Simon a souhaité faire émerger dans ce documentaire pour le moins singulier. On pouvait déjà se rassurer de la juger comme la plus adaptée pour susciter l’évasion aussi bien par le documentaire que par la fiction – voire le mélange des deux avec l’intéressant "Gare du Nord" il y a six ans. Sauf que pour filmer la symbiose totale entre les êtres humains et l’environnement boisé, encore faut-il que la caméra parvienne à l’épouser par le montage et les choix de cadrage. Là-dessus, le bilan est faible : quatre ou cinq plans durant le premier quart d’heure, et basta. Le reste du film révèle hélas que Claire Simon s’est remarquablement égarée sur un sentier qu’elle a oublié de baliser.

Quel est le problème, exactement ? C’est simple : le bois est moins un milieu qu’un décor qui reste présent en arrière-plan, sans jamais être au cœur du processus de mise en scène. Lorsque la réalisatrice s’attarde sur des éboueurs qui ramassent des ordures dans une forêt ou sur des cyclistes qui roulent entre les arbres, la caméra s’attarde exclusivement sur les humains en oubliant ce qui les entoure, ce qui rend ces plans particulièrement anodins. Plus embarrassant encore : quand elle interroge des échangistes ou des prostituées qui racontent leur activité dans le bois de Vincennes, aucune parole ne vient appuyer l’effet de cet environnement sur leur quotidien – on dirait un banal reportage pour Envoyé Spécial. De ces 146 minutes (!) qui s’éternisent pour pas grand-chose, on ne sauvera que quelques visions intéressantes, comme celles des ruines de cette université de Vincennes qui perdurent dans la verdure et qui ravivent dès lors une certaine forme d’imaginaire – à l’image de ce que l’on peut parfois ressentir chez Weerasethakul. Hélas, ce n’est guère suffisant.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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