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SACRO GRA

Un film de Gianfranco Rosi

Portrait d'une Italie à plusieurs vitesses

Le G.R.A. est connu en Italie comme étant le périphérique autoroutier de Rome, un ruban de six voies sur près de 64 kilomètres, construit en 1948, qui unit, ou plutôt sépare, la plupart des personnages de ce documentaire...

Quelle ne fut pas la surprise des festivaliers vénitien lors de l'annonce du palmarès 2013, qui couronna ce documentaire intitulé "Sacro GRA", qui pointe certes avec forces paraboles les dysfonctionnements de la société italienne, mais qui s'avère tout de même une œuvre bien difficile d'accès. Le film s'ouvre sur des images de circulation, et avec des ambulanciers intervenant sur site, comme pour mieux annoncer les dangers qui guettent un pays et sa population toute entière. Le périphérique est ensuite utilisé plus comme un média reliant ou séparant divers lieux, prétexte pour aborder d'autres sujets, tels le fossé grandissant entre riches et pauvres, et l'état d'une Italie aux multiples facettes.

La deuxième scène du film contient à elle seule tout le fossé entre deux Italie. En un seul plan séquence, la caméra tournant à 360 degrés, et l'on découvre d'un côté un quartier et une école délabrés, parés de bruits évoquant une vie intense, et de l'autre une église moderne flambant neuve, mais déserte, dans laquelle évolue en silence un curé. D'un côté le manque patent de moyens pour un peuple bien vivant, de l'autre l'indécence des moyens d'une église moribonde. Du contraste, savamment orchestré par le montage habile du film, naîtront les scènes les plus marquantes.

Mais le film fait aussi appel à divers personnages sur les agissements desquels le réalisateur revient à plusieurs reprises, tels des prostituées, un écologue examinant des palmiers, les habitants d'un immeuble collectif, des pécheurs d'anguilles. Au travers de ces portraits à peine esquissés, il évoque la perte des traditions, l'économie viciée, les forces de l'ordre à la botte des puissants, la précarité, la puissance de l'église, et la désorganisation générale. Une phrase prononcée par l'écologue est d'ailleurs assez significative, puisque face à de nouveau parasites s'attaquant aux palmiers, il s'aventurera à constater « on n'est pas préparés à une structure si organisée ». Une phrase aux significations potentielles multiples, mais qui traduit bien le désarroi d'une société civile qui ne sait plus vers qui se tourner, sans se sentir trahie ou exploitée.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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