WEEKEND OF A CHAMPION
« Motor racing was risky »
Produit par Roman Polanski, réalisé par Franck Simon, ce documentaire suit le temps d’un week-end le champion du monde de Formule 1 de l’époque, Jackie Stewart, lors du Grand Prix de Monaco de 1971. Durant les quelques jours précédant la course, Roman Polanski a la chance de l’accompagner dans l’intimité de sa préparation.
Filmé en caméra embarquée, Jackie Stewart fait le tour du circuit à travers la ville de Monaco. On pense alors au court-métrage de Claude Lelouch, "C’était un rendez-vous", et sa traversée folle de Paris en voiture. Sauf qu’ici, les compteurs grimpent à une allure démesurée et aucun écart n’est permis. Ce premier tour de piste nous donne un aperçu de la suite. Durant ces quelques jours, à chaque étape de sa préparation, Jackie prend le temps d’expliquer à Roman Polanski les difficultés du circuit, ses astuces ou choix personnels ainsi que les dangers de la course. Franck Simon filme tout de leurs échanges. Et dans l’intimité du champion, on découvre Roman Polanski un matin dessinant le circuit sur la nappe blanche de l’hôtel pendant que Jackie, avec l’aide un carré de beurre, prend un virage serré.
Et le temps passe. Jeudi. Vendredi. Samedi. Plus on se rapproche de la course du dimanche après-midi, plus la tension monte. Helen Stewart, l’épouse de Jackie Stewart, également présente, surveille son homme de loin, d’un regard bienveillant mais toujours vigilant. L’enjeu n’est pas simplement de remporter la course, il s’agit de la gagner sans risquer sa vie. Dans un trouble dissimulée, Helen nous confie que le couple a perdu tous ses amis proches du milieu l’an passé. Avec une grande sincérité, Franck Simon compare la gravité de tels enjeux aux petites coupures de la vie, d’un rasage de Jackie qui dérape un matin à ses ampoules d’après course. Et enfin, comme un aboutissement après ce week-end passé ensemble, il nous entraine vers la course finale, où l’on sourit, rassuré de voir Jackie remporter la victoire. On en aurait presque douté.
Quarante ans après, lors de la préparation du Grand Prix de Monaco en 2011, Jackie Stewart et Roman Polanski se retrouvent dans cette même chambre d’hôtel où ils avaient séjournés en 1971 dans un épilogue où se mélange humour et émotion. Très vite, le débat se recentre sur les risques démesurés des courses de l’époque. 57, c’est le nombre de proches décédés du couple Stewart. Jackie sourit, « Motor racing was risky and sex was safe », nous dit-il. Et même si tous les deux se réjouissent des avancées techniques et de la sécurité dont fait état la Formule 1 aujourd’hui, nous montrant des crashs incroyables où les coureurs se lèvent indemne quelques minutes après le choc, ils restent néanmoins marqués du temps qu’ils ont connu.
Alors répétons-le, ce documentaire, ce n’est pas que des voitures. Il dévoile non seulement les coulisses d’un grand sport mais révèle également la vie d’un grand champion.
Anne-Claire JaulinEnvoyer un message au rédacteur