Festival Que du feu 2024 encart

KATALIN VARGA

Un film de Peter Strickland

Noir c'est noir

Une femme apprend que son mari sait que son fils n'est pas de lui et se doute de sa réaction, potentiellement violente. Elle embarque alors son fils dans une recherche vengeresse de ceux qui l'ont violée et engrossée...

Voici encore un film roumain qui va faire sensation. Présenté au dernier festival de Berlin, « Katalin Varga » est un portrait de femme, qui avait longtemps tenté de cacher le plus lourd des secrets: un viol devenu grossesse. Dès les premières secondes, la précarité est saisissante, comme issue d'un autre siècle. Et la promiscuité aussi, celle de villages où tout le monde se connaît, où les secrets ne peuvent être longtemps gardés. Celle de territoires où la guerre est encore récente, où l'invasion est marquée par le plus grand des irrespects: l'atteinte physique au sexe féminin.

Dans cette oeuvre troublante il est question de vérité et de perte de l'autre. Mais aussi de perte de soi, dans une vengeance salvatrice mais potentiellement inutile. Dans « Katalin Varga », la nature est du coup inquiétante, très sombre, comme la nature humaine. Et le périple tourmenté d'une femme demandant justice, est doublé d'un gros travail sur le son (primé à Berlin), pour mieux signifier sa peur de la forêt où tant de choses ont pu se passer.

Le réalisateur joue du non-dit, comme de la suggestion. Il concocte ainsi un conte moral macabre où la justice n'est que parodie, où l'amour n'a pas forcément sa place non plus, la femme étant traitée comme une marchandise. Seul l'amour parental semble exister, dans un monde brutes épaisses, qui semblent bien loin de s'inquiéter de la morale, même religieuses, mais craignent par dessus tout le déshonneur. Un film féministe viscéral, ce qui est assez rare pour être loué.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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