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LOIN DE LA FOULE DÉCHAÎNÉE

Un film de Thomas Vinterberg

Trop classique pour être véritablement passionnant

Bathsheba Everdeene était une femme moderne avant l’heure, libre et insoumise, prête à assumer seule la charge de la ferme léguée par son oncle. Si elle doit se marier, ce sera uniquement une fois amoureuse. C’est alors que trois beaux prétendants vont se relayer pour lui faire la cour…

"Loin de la foule déchaînée" est avant tout un célèbre roman de Thomas Hardy (rien à voir avec le comédien Tom Hardy !), devenu un classique du romantisme anglais, plusieurs fois déjà adapté au cinéma. Et si une nouvelle version est proposée aujourd’hui, ceci n’est pas une surprise tant le bouquin possède toutes les qualités de la belle chronique amoureuse et bucolique où les étendues verdoyantes côtoient les beaux prétendants. Sauf que le livre possédait également une dimension plus perverse, où les vices venaient corrompre le quatuor principal, aspect malheureusement moins présent à l’écran. Car de cette relecture, l’éclectique Thomas Vinterberg ("Festen", "La Chasse") n'a surtout gardé que les beaux paysages et l’idylle mièvre.

Bathsheba Everdeene, à la fin du 19e siècle, hérite d’une exploitation agricole. Indépendante et insoumise, la jeune femme compte bien gérer elle-même sa ferme, peu importe les us et coutumes ainsi que les mœurs d’une Angleterre victorienne dans laquelle elle étouffe. Si elle doit se marier, ce ne sera certainement pas au nom d’une quelconque convention, mais uniquement par amour. Et la belle va alors se retrouver courtisée par un berger, un riche voisin et un sergent un peu frimeur.

Dans cette lutte des classes réduite à la conquête amoureuse, on pouvait déceler les thèmes de prédilection du réalisateur danois : la pression sociale, le poids des règles ou encore la question morale. Pourtant, le cinéaste n’arrive pas à s’éloigner d’un classicisme froid et impersonnel qui recouvre tout le film. Malgré des comédiens tous excellents, et des décors sublimés par une lumière travaillée, le métrage demeure bien fade. Et les doutes sentimentaux de la protagoniste principale deviennent rapidement agaçants alors même que Carey Mulligan excelle une nouvelle fois.

Si on appréciera contempler le glamour des acteurs et la photographie élégante, on aurait aimé que cette escapade rurale soit plus transcendante, que la couche rose bonbon qui enveloppe la pellicule soit effacée au profit de la brutalité de l’œuvre originelle. Trop édulcoré et trop conventionnel, ce drame sensible devrait séduire les éternels aficionados de romances cinématographiques. Pour les fidèles de Vinterberg, le constat risque d’être plus décevant, ce dernier s’effaçant complètement derrière son sujet. Du coup, c’est beau, mais un peu chiant !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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