D’UN FILM A L’AUTRE
Entre échecs et miraculeux succès
On ne compte plus les films de Claude Lelouch, ce réalisateur devenu une des figures emblématiques du cinéma français. Et pourtant, en 1960, après la sortie du “Propre de l’homme” - son premier long métrage; Les cahiers du cinéma commencent leur critique par: “Claude Lelouch, retenez bien ce nom, vous n’en entendrez plus jamais parler”. A l'époque, être apprécié de la critique et du public, ce n'était pas gagné ! La même année, il lance sa propre société de production, “Les Films 13” et cinquante ans plus tard, il nous offre “D’un film à l’autre”, le témoignage précieux d’un homme qui, à soixante-treize ans, se retourne pour regarder ce qui derrière lui, s’est écoulé...
Initialement, ce film n'était pas destiné au public. C’est là tout son charme. Pour fêter ses noces d’or avec le cinéma, Claude Lelouch décide de réaliser un documentaire sur l’histoire de ses œuvres, afin de rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à leur création. Mais après une première projection auprès de ses proches, on l’encourage à le montrer et c’est ainsi que pour notre plus grand plaisir, il apparaît aujourd’hui sur nos écrans.
Faire un film en secret, c’est peut être le meilleur moyen d'être sincère. Les mots sont simples, le texte est fluide, on se laisse porter par une histoire racontée en toute humilité. C’est dans un cadre intimiste que s’installe un réel dialogue entre le réalisateur et le spectateur. On est non seulement témoin d’un parcours cinématographique unique en son genre mais aussi de la vie d’un homme avec ses hauts et ses bas.
“Le cinéma, c’est la métaphore de la vie” nous dit Claude Lelouch et il le montre très bien ici. Grâce à son témoignage, on comprend qu’un film, c’est une histoire qui se crée bien au-delà de l’écran. En tant que réalisateur, il rassemble des acteurs, des techniciens, des musiciens... des talents, qu’il exploite dans le but de créer. Seulement au cours de sa carrière, malgré une énergie folle et d’importants moyens déployés, Claude Lelouch côtoie l'échec. Les erreurs, les chutes comme les moments de doute, il ne les nie pas; bien au contraire, il “plaide coupable”. Et c’est ainsi qu’à chaque fois, il se remet debout. Ces conseils nous sont précieux à tous, qu’on soit réalisateur en herbe ou tout simplement en vie.
Finalement, “D’un film à l’autre”, c’est des extraits de films que l’on se plaît à revoir, ou que l’on découvre avec plaisir; c’est des images inédites, des visages familiers, des interviews, des réussites mais aussi des drames comme en 1982, avec le suicide de l’acteur Patrick Dewaere peu avant le tournage d’“Édith et Marcel”. Des imprévus, il y en a eu, des déceptions aussi, mais ce que l’on retiendra, c’est qu’à chaque fois, la machine repartait. Une confession pleine d’espoir pour tous ceux qui ont la tête pleine de projets.
Aujourd’hui, Claude Lelouch nous dit pouvoir expliquer ses échecs mais pas ses succès. Pour lui, “un succès c’est un petit miracle; et un miracle c’est unique, cela ne s’explique pas.” Merci de nous faire partager celui-ci.
Anne-Claire JaulinEnvoyer un message au rédacteur