Festival Que du feu 2024 encart

POLLEN

Un film de Louie Schwartzberg

Disneynature s'offre une parenthèse sans réel scénario

Une fleur s'éveille et capture une abeille, l'obligeant à charger son corps de pollen, et assurant ainsi la reproduction de son espèce...

La fondation de Disneynature, si elle doit beaucoup au succès de « La Marche de l'empereur », a connu sa première production avec « Les Ailes pourpres », l'histoire des migrations des flamands roses, de retour au lac Natron pour procréer et y gagner leur fameuse couleur. Le nouveau film de cette filiale de la firme aux grandes oreilles traite ici des rapports de pollinisation, et donc des relations intrigantes entre flore et faune. Le film est d'ailleurs conté par une fleur, à la douce voix de Mélanie Laurent (Meryl Streep en v.o.).

Débutant donc par l'histoire d'une fleur, le récit nous explique que la beauté peut être aussi une stratégie, un outil de séduction pour assurer une survie. La fleur attire les insectes, les rend prisonniers pour les obliger à transporter le pollen. Elle établit ainsi des contacts amoureux par procuration. Les images sont accompagnées d'un très joli texte, présentant par exemple l'orchidée comme une fleur perfide, dont le parfum est une ruse. Si le film est conseillé aux plus de 6 ans, les textes apparaîtront certainement comme trop complexes pour les enfants. Malgré un manque évident de scénarisation qui divisera forcément, le film fait bien passer son message : sans les fleurs le monde ne pourrait survivre.

Globalement, le texte aide à comprendre les mécanismes de diverses espèces. La première fleur dispose d'un baquet avec fluide visqueux et d'une seule sortie possible, d'autres ont des systèmes de défense contre les autres animaux, portant un liquide empoisonné, enfin certaines encouragent des pollinisateurs à se spécialiser (développant par exemple pour les colibris, un bec plus long). « Pollen » montre bien la capacité des fleurs à se développer partout, même dans le désert (voir la partie avec les fleurs de cactus), mais a du mal à trouver une structure lisible entre les interactions qu'il décrit (avec non seulement les oiseaux ou les insectes, mais aussi les chauves-souris). Le plus symptomatique est de ce point de vue le passage un peu long et impromptu des papillons monarques migrant du Mexique vers les forêts du Canada.

Les images sont de toute beauté et font la part belle au tout petit. La musique aérienne est à la fois persistante et envoûtante. Seul réel problème, le film tarde beaucoup à évoquer les problèmes actuels et les menaces qui pèsent sur le monde, à savoir notamment la disparition des abeilles. Il reste encore plus timide sur les causes, abordant très rapidement la pollution ou les pesticides utilisés en agriculture, et passe carrément sous silence le développement du frelon asiatique... Cela n'empêchera pas de savourer ce voyage magnifique, qui aurait donc demandé un peu plus de clarté dans la construction de son récit.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire