LES ENFANTS DE L'EXIL
Un documentaire singulier, poignant et drôle.
Sortie en DVD le 18 octobre 2012
En 1983, la guerre civile au Soudan entre musulmans du nord et chrétiens du sud aura causé douleur et mort dans de nombreux villages. Elle aura été à l’origine de la fuite de 25 000 soudanais en quête de sécurité loin de la terreur qui a composé leur quotidien. 25 000 hommes et femmes qui ont fini par devenir un noyau dur, une famille. Leur périple les a conduit cinq ans plus tard en Ethiopie puis au camp de réfugiés des Nations Unies de Kakuma au Kenya, neuf ans après le déclenchement des émeutes, cinq milles kilomètres plus loin… Ce qui s’apparentait comme la délivrance et le salut ne sera au final qu’un provisoire durable. Pensant y rester une quinzaine de jours, les soudanais seront encore pensionnaires du camp dix ans après, avec une seule et unique perspective: la mort.
En 1999, le gouvernement des Etats-Unis accepte d’accueillir sur son territoire 3 600 d’entre eux. En août 2001, Christopher Quinn a suivi trois de ces « garçons perdus » et est devenu le témoin du choc des cultures que cela a été pour nos trois amis réjouis d’avoir une nouvelle maison mais anxieux d’être aussi loin de leurs proches, de leur terre, de leur vie. En effet, tout ou presque leur sera étranger: les douches, le robinet, l’eau courante, les toilettes, la chasse d’eau, l’interrupteur électrique... Ils ne connaissent rien des commodités occidentales et sont perdus dans un supermarché.
Quinn filme le questionnement de ces jeunes devant nos objets qui nous semblent si familiers et si ordinaires. Par exemple, en s’emparant du liquide vaisselle on ne peut pas s’empêcher de sourire quand l’un d’eux hésite à l’utiliser de peur que la vaisselle devienne aussi verte que le produit nettoyant ! Autre moment savoureux, lors de la découverte du réfrigérateur : l’un d’eux en sort une bouteille de Pepsi Cola et tout fier il s’exclame : « ça on connaît, mais en Afrique, on appelle ça du Coca Cola » !
Quinn les suivra dans leur nouveau quotidien, leur recherche d’emploi, leur résistance à ne pas tout oublier de leurs racines, dans leur joie de perpétrer certaines de leurs traditions et dans leur mal du pays. Trois ans condensés en 1 h 30 pour un film singulier qui se termine par l’émotion indicible des retrouvailles avec une partie de leur famille. On a beau avoir tous les objets les plus sophistiqués de la planète, rien ne remplace un frère, une mère.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur