BLACK ICE
Manque de chaleur et de passion
Si l'on est dans un premier temps intrigué par la mise en place, découverte d'un mari excessif, jouant de la guitare à poils en sautant sur un lit, et le contraste très Bergmanien avec le quotidien de façade du couple, on se désintéresse rapidement du sort de l'homme, pourtant au coeur de la discorde. Le scénario, laborieux et pas vraiment crédible, tente désespérément de donner à ce film finlandais des allures de thriller psychologique.
Mais les grosses ficelles, tellement visibles, achèvent de faire de ce polar glacé, un soufflé sans volume. Dès le premier face à face entre les deux femmes, on cesse d'y croire, tellement les symboles sont appuyés: la femme, à court de partenaire (si je puis dire), se retrouve à « affronter » la fameuse maîtresse, qu'on découvre forcément bien plus humaine que voulu. Malgré une interprétation de qualité, notamment de la part de Ria Kataja, jeune actrice prometteuse, à la fois fougueuse et sulfureuse, les dessous moralistes (écouter le discours entre les deux hommes lors de la scène du chantier) finissent par transparaître un peu trop. Ceci même si l'histoire évite le manichéen.
Et le scènes ridicules s'amoncèlent, jusqu'à une chute dans l'escalier, sommet d'un affrontement dont la passion nous échappe en ces terres glacées. Ajoutons une utilisation inopportune de la musique pour créer une tension artificielle, ou souligner les moments de joie et de renaissance, et l'on aura qu'une envie: plonger la tête dans le lac gelé, histoire de se rafraîchir les idées. C'est peut être ce qu'auraient dû faire les scénaristes.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur